Impuissant sur la scène continentale depuis 1976 (sa première et seule CAN remportée), soit un peu moins d’un demi-siècle, avec souvent des désillusions indélébiles, le Maroc s’est ragaillardi ces derniers mois. Soif de victoires et de gloire, les Lions de l’Atlas ont furieusement rugi au Mondial 2022, terminant d’abord leaders de leur groupe devant la Croatie de Luka Modric et la Belgique de Kevin De Bruyne, de Romelu Lukaku et consorts. Avant de créer un exploit historique en se hissant en demi-finale, après avoir respectivement éliminé le voisin espagnol en huitième de finale (0-0, 3-0 t.a.b.) puis le Portugal de Cristiano Ronaldo en quart (1-0). Même sans médaille au final, stoppés par les Bleus en demies (2-0) et battus in extremis par la Croatie (2-1) lors de la petite finale, Walid Regragui et ses hommes avaient accompli bien mieux : redonner de la fierté et de l’espoir au football marocain.
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Exit donc les mauvais souvenirs et les longues années de frustrations, place désormais à un avenir prometteur pour les Lions de l’Atlas. Et rien ni personne, même pas le Brésil, semble en mesure de contester ce nouveau départ. Comme la Belgique, l’Espagne ou le Portugal, la Seleção a appris à ses dépens, samedi 25 mars, en amical, que le Lion a pris du poil de la bête. Casemiro et Cie ont en effet été impuissants face à des Marocains trop déterminés pour un match exhibition, devant le public de Tanger conquis et tout heureux de voir sous ses yeux, ses héros du rendez-vous qatarien s’offrir un nouveau géant du football mondial (2-1). Plus excitant et rassurant encore : ce succès n’était pas seulement pour le prestige, il dessine déjà les futures ambitions du Maroc.
Walid Regragui, la recette du succès
Prochain objectif : remporter la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. « La CAN 2023 ? Bien sûr qu’on est favori, comme beaucoup d’équipes. Mais on connait l’Afrique. C’est très difficile. On va se préparer. On va essayer. On vit peut-être l’âge d’or du football marocain. Il faut maintenir ce niveau et savourer », a affirmé Walid Regragui. Son capitaine Romain Saïs ne dit pas moins : « On a soifs de victoires. On ne peut plus se cacher, il faut accepter ces responsabilités, ce statut de favori. Le coach a inculqué cette culture de la gagne depuis qu’il est arrivé. On voit bien que tout le monde est réceptif, il faut continuer avec cette mentalité et cet état d’esprit pour décrocher ce trophée en Côte d’Ivoire. »
Première sélection africaine et onzième au classement FIFA, le Maroc, déjà qualifié à la CAN 2023, commettrait un péché de ne pas croire à un sacre continental en janvier prochain. En pleine confiance depuis sa belle Coupe du monde 2022, l’équipe de Walid Regragui impressionne aussi bien collectivement qu’individuellement. Avec un portier de classe mondiale, Yassine Bounou, une défense presque infranchissable faite de rigueur et de génie (saïs, Aguerd, Hakimi ou encore Mazraoui), les Lions de l’Atlas tiennent également un milieu de terrain très enviable. Le duo Sofiane Amrabat-Azzedine Ounahi, infatigable à la récupération et précieux sur les sorties de balle, avait tenu en haleine les amoureux du ballon rond. Loin d’afficher la même force que ces deux secteurs du jeu, l’attaque marocaine avec Ziyech, Boufal ou En-Nesyri compte malgré tout des talents pouvant décider à tout moment du sort d’un match.
Mais tout ce bon monde ne ferait aujourd’hui le bonheur des supporters marocains, sans certainement cet homme qui a tout changé, Walid Regragui. Arrivé à la tête des Lions de l’Atlas en août 2022 à seulement trois mois de la compétition reine, le technicien de 47 ans, a su fédérer tout un groupe, redonnant notamment une place de choix aux « bannis » Hakim Ziyech et Noussair Mazroui. Mais pas que. L’ancien entraîneur du Wydad, vainqueur à la fois de la Ligue de champions CAF, de la Botola et de la Supercoupe en 2022, a aussi transmis sa culture de la gagne à ses protégés.
Attention au Sénégal, à la Côte d’Ivoire ou encore à l’Algérie
Si tous les votants sont au vert avec une superbe dynamique et un bel effectif, le Maroc ne saurait pour autant faire office de favori devant le Sénégal, champion d’Afrique en titre. Bien que plus flamboyants que les Lions de la Teranga au Mondial 2022, les Marocains sont moins souverains sur la scène continentale. Contrairement au Sénégal qui, après des débuts timides à la CAN 2021, est monté en puissance pour survoler la compétition, au Cameroun. Libérés par ce premier sacre, les coéquipiers de Sadio Mané comptent bien aller chercher le doublé en Côte d’Ivoire. Comme les Lions de l’Atlas, ils ont déjà validé leur ticket pour le rendez-vous de 2024.
Un rendez-vous auquel, les Eléphants, hôtes du tournoi, voudront aussi tirer leur épingle du jeu devant leur public. Sans compter l’Algérie très revancharde après ses désillusions lors du dernier CAN (sortie dès le premier tour) et aux barrages du Mondial 2022 (éliminée par le Cameroun). Autant dire que les prétendants au titre seront nombreux. Et ça ne fera forcément pas les affaires du Maroc. Ou peut-être que si…
