Titulaire indiscutable dans les cages du Syli national plus d’une décennie, Kémoko Camara était promis à un autre destin. Celui dont le paternel était officier de police, a intégré l’armée avant de faire volte-face. «Mon papa a été le premier commandant de l’anti-gang qu’on appelle aujourd’hui CMIS. Il était strict. Il voulait que j’intègre l’armée. J’ai d’ailleurs fait 6 mois de formation militaire» se remémore –t-il.
«Mon papa m’a attaché à la maison pour que je joue pas au foot»
Fan du gardien de but légendaire français Pascal Olmeta, Kémoko Camara a dû manœuvrer pour vivre sa passion de footballeur. «La pratique du football m’étais interdite. Un jour je devais jouer une demi-finale d’inter quartier. Pour m’empêcher de prendre part à la rencontre, mon papa m’a attaché à la maison. Ma sœur était chargée de ma surveillance. Je l’ai soudoyée en lui proposant des friandises. Je sors, on part jouer on gagne. Je retourne ma sœur m’attache comme s’il ne s’était rien passé» se souvient-il. Par la suite son entraineur parviendra à convaincre son papa que son fils avait un talent qu’il fallait exploiter. «Fodé Laye Camara qui était gardien du Horoya AC et de la sélection nationale notamment me prendra ainsi sous son aile». C’était le début d’une grande carrière en tant que dernier rempart.
La patrie avant tout
Gardien de but international près de deux décennies durant, Kémoko Camara deviendra indéboulonnable dans les cages du Syli de Guinée. Une régularité avec une mentalité irréprochable. Pour ce dernier rempart qui n’a jamais renoncé à l’appel de la sélection, la patrie était au-dessus de tout. «J’ai fait 20 ans en équipe nationale, je n’ai jamais dit non à la sélection. Je suis fier de jouer pour mon pays. On ne pouvait pas me décourager quand il s’agissait de la sélection».
Pour Kémoko, aucun sacrifice n’est de trop quand il s’agit de la Guinée. Au risque de mettre son intégrité physique en jeu. «Je suis le seul joueur à venir en sélection en étant plâtré. C’était le premier match de Kaba Diawara avec l’équipe nationale. Je suis venu en sélection en ayant le bras plâtré. Je l’ai enlevé samedi, je me suis entraîné et dimanche on a joué, Kaba Diawara a inscrit un doublé» se souvient le sulfureux gardien de but.
La bourde à la Can 2004 face au Mali
Kémoko Camara, c’est aussi cette faute de main commise face au Mali lors de la Can 2004. Une Arconada qui est restée dans les mémoires des fans du Syli. Après avoir ouvert le score par Pascal Feindouno à la 14e minute, la Guinée verra le Mali revenir au score juste avant la pause (45e) grâce à Frédéric Kanouté. Dans le temps additionnel de la partie, Mahamadou Diarra le milieu de terrain de l’Olympique Lyonnais à l’époque déclenche une frappe, Kémoko Camara se troue et le ballon va se loger dans le petit filet. 2-1 à la 90e minute. La Guinée qui caressait le doux rêve de disputer sa première demi-finale de CAN depuis la finale perdue en 1976, voit son rêve s’arrêter brusquement.
«C’est arrivé, c’est le football on n’y peut rien. Je l’ai vécu comme les autres évènements. Rien ne m’a dérangé honnêtement. C’est le football, assure-t-il. Quand on est footballeur de haut niveau, on est sujet à ce genre de fautes. De grands gardiens comme Oliver Kahn, Edwin Van der Sar et Gianluigi Buffon ont tous connu des fautes de main. Peut-on dire que ces derniers ne sont pas au niveau ? Pas du tout. Pourquoi me casser la tête pour ça ? Je suis fier de venir en sélection et en 20 ans de carrière je n’ai jamais dit non à la Guinée» tranche l’ancien gardien d’AmaZulu en Afrique du Sud.
Reconnu pour ses parades spectaculaires, Kémoko Camara va mettre un terme à vingt ans de carrière professionnelle. Celui qui s’est reconverti comme préparateur des gardiens a durant sa carrière empilé pas mal de trophées. De nombreuses fois champion de Guinée avec ses différents clubs, Kémoko Camara laisse le souvenir d’un personnage clivant. Si certains voient en lui un gardien de but capable de faire des bourdes à tout moment, d’autres estiment qu’il est le meilleur de l’histoire de la sélection guinéenne.
