Et qui dit que les compétitions de handball ne réussissent jamais aux institutions du Congo-Brazzaville ? Quiconque en doutait encore, a forcément eu droit à une démonstration du contraire lors des championnats d’Afrique des clubs séniors hommes et dames qui se sont joués du 28 septembre au 7 octobre à Brazzaville.
« Les matches se sont joués conformément au chronogramme, car les installations étaient disponibles. Il n’y a pas eu de soucis de logement. Donc, d’une manière globale, c’était une réussite », se félicite François Élion Douniama, premier vice-président de la commission d’organisation de ces championnats.
Une réussite qui est loin d’être spontanée. « Il faut avant tout reconnaître que nous avons eu assez du temps pour préparer l’événement. En effet, nous avons commencé nos réunions dès la signature en mars du protocole d’accord avec la Confédération africaine de handball (CAHB). On a mis en place un chronogramme de travail en place », explique Élion Douniama.
Mais tout n’aura pas été rose pour autant. « On n’a pas pu avoir le financement souhaité », déplore-t-il. La deuxième difficulté est que jusqu’à deux mois de la compétition, il y avait des soucis de réhabilitation des installations. Les entreprises chinoises contactées avaient du mal à acheminer le matériel, car le fret maritime devrait durer deux mois. Nous nous sommes ainsi attaché les services de la main-d’œuvre locale en privilégiant les tâches prioritaires (climatisation, plomberie sanitaire, carrelage, peinture, etc.) ».
Sur le terrain également, la moisson aura été acceptable. En témoigne la médaille de bronze décrochée contre toute attente en version masculine, par le tout jeune club BMC de Brazzaville (5e au championnat national) créé pourtant juste au début de l’année en cours. Sans oublier la troisième place occupée par la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP) en version féminine.
Beaucoup reste cependant à faire. « En ce qui concerne notre club par exemple (DGSP, NDLR), l’équipe est bonne. Mais c’est une grande compétition où il y a eu des colosses comme Primeiro de Agosto et Petro Atletico (deux clubs angolais qui ont décroché respectivement les médailles d’or et d’argent, NDLR). C’est dire qu’il y a des choses à corriger », promet François Élion Douniama qui est en même temps secrétaire général de DGSP.
C’est quoi le problème entre DGSP et la FECOHAND ?
« Par exemple au niveau de la préparation de la pépinière, nous allons renforcer la formation pour recruter de nouvelles jeunes joueuses qui pourront faire mieux et partant avoir une équipe forte qui pourra détrôner l’Angola », poursuit-il.
En attendant l’atteinte de ces objectifs et bien que ces 44es championnats aient « globalement » une réussite, d’après toutes les instances (ministère, fédération, etc.), l’organisation interroge forcement…. Du moins du côté des observateurs.
« Normalement, c’est à la Fédération congolaise de handball (FECOHAND) d’organiser des compétitions tant nationales qu’internationales. D’où vient-il, comment vous l’avez constaté, que ce soit à un club d’organiser l’événement ? », s’interroge un ancien Diable rouge sous couvert d’anonymat.
Une interrogation qui montre à elle seule que l’unanimité n’était pas au rendez-vous lors de l’organisation de ces championnats. « Au début, la fédération ne s’est pas intéressée au travail que nous faisions. On leur a demandé de donner les noms de personnes qui devraient représenter la fédération dans le comité d’organisation, mais ils n’ont jamais envoyé les noms. Il a fallu le passage du deuxième vice-président de la CAHB pour qu’ils reviennent aux bons sentiments, mais avec beaucoup de retenue. Et nous avons compris qu’avec ou sans eux on pouvait travailler », déplore une autre source proche de DGSP.
De son côté, François Élion Douniama tente de tempérer. « Jusqu’à preuve du contraire, la FECOHAND reste l’instance faîtière du handball au Congo. Donc, nous collaborerons toujours avec eux », rassure-t-il.
Ainsi, au-delà des circonlocutions utilisées par les uns et les autres pour des raisons de cohabitation harmonieuse, la caque sent désormais le hareng au sein du handball congolais. Qui plus, est, à quelque huit mois de l’élection du président de la FECOHAND.
John Ndinga Ngoma