La fronde populaire a fini par avoir raison du choix des instances. Initialement programmé pour se tenir au Cameroun, le match qui va opposer la RDC à la Mauritanie lors de la 3ème journée des éliminatoires de la CAN 2023 se jouera bien sur le territoire congolais. Faute d’homologation du Stade des Martyrs, la Fédération congolaise de football, par l’intermédiaire de son secrétaire général Belge Situatala, avait annoncé le choix du Stade Japoma pour accueillir ce match. Décision qui a provoqué un tollé auprès des supporters des Léopards, et même de certains joueurs à l’instar de Yoane Wissa, alors que le Stade de Mazembe est lui homologué. Propriété du TP Mazembe, l’enceinte semblait être la solution de repli toute trouvée.
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Pour justifier le choix de la délocalisation du match au Cameroun, la fédération a indiqué que parmi les raisons se trouvait une demande du sélectionneur, Sébastien Desabre. Le technicien français aurait privilégié une pelouse naturelle au gazon synthétique de Mazembe. «Le 10 Février dernier, le sélectionneur principal de la RDC, Sébastien Desabre, nous a saisi pour nous expliquer que si la CAF ne levait pas sa décision de la non homologation du Stade des Martyrs, il fallait opter pour un gazon naturel plutôt qu’artificiel. Parce que la majorité des joueurs qui composent la sélection A évoluent mieux sur le naturel. Et dans la région, c’est le Cameroun qui dispose de cette pelouse», a indiqué Belge Situatala au moment de l’annonce de la délocalisation de la rencontre.
Sébastien Desabre contredit la FECOFA
Thèse battue en brèche par Desabre. Au centre des critiques après ces déclarations, le sélectionneur est sorti de sa réserve pour démentir ces affirmations. Dans une correspondance à l’attention des membres de la Fédération congolaise de football, qui a fuité depuis, l’ancien entraîneur de Niort a clairement indiqué que son premier choix était le Stade de Mazembe. Si le match ne pouvait pas se jouer là-bas, alors sa seconde option serait de privilégier un stade moderne avec une pelouse naturelle. L’entourage du technicien français indique que ce dernier a été surpris d’apprendre qu’il était désigné comme étant à l’origine du choix de la délocalisation.
Chaque camp se renvoie la balle sur la responsabilité de cette délocalisation, au grand dam des supporters et suiveurs de la sélection de RDC. Ancien international congolais, Herita Ilunga se désole de la situation. «Ce qui se passe autour de ce match est très flou. Il y a une opacité autour de la fédération depuis des années. Rien que la déclaration du secrétaire général qui dit que la fédération « fonctionne très bien » et derrière pointe du doigt le sélectionneur en disant qu’il n’a pas assumé son choix le prouve. C’est comme s’ils ne communiquaient pas entre eux. Même au niveau de sa suspension, c’est la cacophonie. Malheureusement, je pense qu’il n’y a eu aucune concertation et que cette décision d’aller jouer au Cameroun a été prise de façon unilatérale par le secrétaire général. C’est un scandale. Ça met en lumière tous les dysfonctionnement de cette fédération», a-t-il indiqué à Sport News Africa.
Un choix politique plus que sportif ?
Dans les arcanes de la Fédération congolaise de football, rares sont ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce sujet qui semble cristalliser les tensions. Et pour cause, renseignements pris auprès de certains membres sous couvert d’anonymat, la décision initiale de délocaliser RDC-Mauritanie au Cameroun serait aussi politique. Seule enceinte du pays homologuée par la CAF pour abriter des rencontres internationales, le Stade de Mazembe est propriété du TP Mazembe. Club qui n’est autre que celui de Moïse Katumbi. Ancien gouverneur de la province du Katanga, l’homme d’affaires est dans la politique depuis plusieurs années déjà et devrait être candidat à l’élection présidentielle qui aura lieu en décembre 2023. Un opposant au pouvoir actuel en somme.
«Emmener les Léopards jouer sur un territoire où il est très populaire, avec un public probablement acquis à sa cause, pourrait entraîner des manifestations hostiles à l’endroit du président Félix Tshisekedi et de son gouvernement», indique t-on. «Et puis, ce serait une sorte de défaite de l’Etat, face à lui qui a le seul stade homologué. Il faudrait lui faire une demande pour jouer là-bas». Des arguments dénués de sens pour Herita Ilunga. «On y a déjà joué l’année dernière et ça s’est bien passé. Si tu peux jouer chez toi, tu y vas, tu n’as pas le choix», insiste l’ancien défenseur de Saint-Etienne, qui poursuit : «Je suis certain que la décision ne vient même pas du chef de l’Etat, mais de son entourage. D’après vous, le secrétaire général, il est de quel camp politique ? Ce n’est pas un hasard. Mais ils se sont rendus compte que c’était la pire des décisions. C’est la suite logique de tout ce qui se pass depuis deux ans. Depuis le départ de Constant Omari, c’est une catastrophe. Pourtant on peut lui reprocher beaucoup de choses, mais là c’est pire encore.»
Ilunga en appelle à la FIFA
Face à l’ampleur de la contestation prise par cette délocalisation, la Fédération congolaise de football a fini par faire machine arrière et se résoudre à opter pour l’enceinte basée à Kamalondo. Soulagement pour les supporters de la RDC qui pourront voir leur équipe à domicile face aux Mourabitounes. Mais pas de quoi calmer Herita Ilunga pour qui cet épisode est celui de trop et met un peu plus en lumière la gestion du football congolais par la fédération. Il en appelle même à la FIFA afin d’intervenir. «Au final ce qui s’est passé n’est plus étonnant vu l’environnement. Il faut que les instances internationales prennent leurs responsabilités ça a été le cas en Guinée ou au Kenya. Il faut siffler la fin de la récréation pour sauver ce qui peut encore l’être. Même les clubs ne veulent plus jouer le championnat», rappelle t-il.
Si cet épisode va laisser des traces, les Léopards devront vite se remobiliser et penser au terrain. Après deux journées dans ces éliminatoires à la CAN 2023, la RDC compte deux défaites (contre le Gabon et le Soudan, et se retrouve dernière de son groupe avec aucun point au compteur. La double confrontation à venir face à la Mauritanie, en tête dans ce groupe I, s’annonce donc décisive. Après l’absence à la CAN 2021, un nouvel échec à se qualifier pour une phase finale, à 24 équipes qui plus est, ferait désordre.
🇨🇩🏟Le match aura bel et bienlieu dans la capitale du Haut-Katanga#Sna #RDC #Lumumbashihttps://t.co/9nNu2MvGgc
— Sport News Africa (@snewsafrica) February 23, 2023