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Mory Diaw vs Edouard Mendy

CAN 2023 : Mory Diaw – Edouard Mendy, y a-t-il vraiment match ?

On a tendance à entendre que ça va trop vite dans le monde du football. De roi souverain, l’on peut vite voir son trône contesté par ses admirateurs d’hier. C’est en quelque sorte ce que vit Édouard Mendy du côté de l’équipe du Sénégal. La souveraineté dans les cages des Lions de l’ancien portier du Stade de Reims ou de Rennes est de plus en plus contestée. Ses prestations catastrophiques à Chelsea avant et du côté d’Al Ahli en Arabie Saoudite, créent une défiance d’une bonne partie des supporters et suiveurs des champions d’Afrique au profit de Mory Diaw dont les performances sont davantage valorisées et commentées. Mais aussi Seny Dieng qui l’a déjà suppléé avec brio à la précédente CAN à l’occasion des deux matchs premiers matchs de poules.

Une dynamique à l’avantage de Mory Diaw

Depuis la saison dernière, Mory Diaw connaît une explosion sur le tard dans le championnat de France. Ses prestations ont grandement contribué à la belle et surprenante 8ème place au classement final de Clermont Foot. « Il n’a pas commencé à briller cette année. Depuis un certain temps déjà, il fait de très bons matchs, souligne Oumar Diallo. Il semble encore plus motivé avec les convocations en équipe nationale. Face au PSG il a démontré toute sa classe, il a déployé toutes ses qualités de gardien de but autant par ses arrêts que par ses relances au pied. Je l’ai vraiment trouvé trop bon dans ce match», a concédé l’ancien gardien de but du Sénégal au micro de SNA.

Malgré la 17ème et avant dernière place de son club cette saison, Mory Diaw fait mieux que surnager dans ce marasme des Auvergnats. «Mory entame cette année une saison de confirmation parce que déjà la saison dernière, il avait laissé entrevoir de très belles choses sur son potentiel, confie le journaliste sportif Babacar Ndaw Faye. Cette année, je pense qu’il a même tardé à retrouver son rythme, mais c’est probablement à cause aussi de la mauvaise forme globale de son équipe qui l’expose davantage. Jusqu’à l’exploit contre Paris, il n’y a que contre Metz qu’il a pu garder sa cage inviolée».

Le week-end dernier, sa prestation XXL face au PSG ponctuée par un record de 10 arrêts, a été commentée par les médias dans l’hexagone mais aussi au Sénégal. Même s’il faut relativiser avec un contexte particulièrement propice à une telle performance. « Il lui fallait peut-être ce déclic pour lancer véritablement sa saison, mais il faut que ce ne soit pas un feu de paille. Le contexte, face à Paris, qui est en plus son ancien club, prête naturellement à ce qu’il se surpasse. Il sera désormais intéressant de voir s’il va capitaliser ce match en confiance pour la suite et qu’on ne dise pas qu’il était en sur-régime sur ce match particulier », a invité Babacar Ndaw Faye.

La longue marche solitaire d’Édouard Mendy

Titulaire indiscutable en sélection du Sénégal depuis 2019, Édouard Mendy vit des débuts compliqués en Saudi Pro League. Avec son nouveau club d’Al Ahli, le portier de 31 ans n’a réussi que 3 clean sheets après 8 matchs et déjà 13 buts encaissés. Le 2ème du trophée Yachine en 2021 a perdu confiance, n’étant plus décisif et multipliant les bévues. « La méforme de Mendy commence à durer et devient très inquiétante, s’alarme Babacar Faye. Depuis sa mauvaise passe à Chelsea, puis sa blessure, il peine à redevenir le gardien qu’on avait connu et qui a quand même été sur le toit du monde à un moment de sa carrière. Je ne crois pas qu’il ait perdu ses qualités du jour au lendemain. Mais c’est un poste tellement particulier, qui exige un niveau de confiance très élevé pour performer », a-t-il noté.

Pour l’ancien reporter du quotidien sénégalais l’Observateur, Mendy peut retrouver cette confiance qui lui manque tant. « Quand il était au sommet, il lui arrivait d’atteindre un niveau de performance au-dessus de son niveau réel parce que la confiance était grande. Là, c’est pareil dans le sens inverse : il atteint un niveau de sous-performance en dessous de son niveau réel parce que la confiance n’est plus là. Et le pire, c’est que la défense de Al Ahli n’aide pas non plus. Je la trouve plutôt faible. Samedi dernier il a fait un clean sheet, c’est déjà bien. Sauf que là il faut enchaîner face à Ittihad, l’une des meilleures attaques du championnat et ensuite face au Cameroun… Pas évident. Mais s’il enchaîne deux performances de qualité, face à ces deux équipes, peut-être que ça l’aidera à se remettre », espère-t-il.

Mendy « intouchable » en sélection

Il existe également un énorme gap dans le jeu au pied entre Mendy et Diaw en faveur du Clermontois. « Dans le football d’aujourd’hui avec les pressings adverses, il faut impérativement un gardien de but qui a un bon jeu au pied, des qualités de relance. Ce que Mory possède en plus d’assurer sur les sorties aériennes, juge Oumar Diallo. Qui reste toutefois mesuré. Le vrai potentiel d’un gardien se juge dans la constance et la continuité. Il faudra le voir dans les prochains matchs en club parce qu’il est plus facile d’être motivé face au PSG. On verra la vraie valeur de Mory sur la durée même si on n’en doute pas. Il a tout l’avenir devant lui à 30 ans, l’âge de la maturité pour les gardiens de but ».

Cet avantage technique mais aussi sur le niveau de confiance en club, pourrait être insuffisant pour voir la hiérarchie chez les gardiens être remise en cause par Cissé. « Pour être honnête, je ne pense pas que la situation actuelle pousse Aliou Cissé à changer ses plans à moins de 100 jours du tournoi, estime Babacar Ndaw Faye. Connaissant Aliou, je ne pense vraiment pas qu’il soit dans l’idée d’écarter un des piliers de son équipe depuis 5 ans. Aliou Cissé aime être sur des certitudes et Mendy fait partie, avec Koulibaly, Gana et Sadio, des indéboulonnables de son groupe. Il faudrait une catastrophe pour qu’il envisage de le mettre sur le banc pour cette CAN qui arrive dans 3 mois. Donc, autant prier que Mendy retrouve sa confiance et se rapproche de son meilleur niveau », a-t-il ajouté.

La doublure de Silva au Mondial 2002 abonde dans le même sens. « Je préfère 5 bons gardiens de buts en sélection et avoir un problème de choix que d’en avoir qu’un qui pourrait se blesser. À la CAN 2019, Édouard se blesse à l’échauffement (face au Kenya, ndlr). Alfred Gomis a poursuivi le reste du tournoi jusqu’en finale. Aujourd’hui, si on a un portier comme Mory avec cette qualité, c’est tout bénef. Il ne faut pas aller trop vite en cherchant à mettre de la concurrence alors que la compétition n’a pas encore débuté. Mais on doit se réjouir d’avoir un tel gardien en cas de méforme d’Édouard Mendy. Le Sénégal défend son titre et à la CAN, il faut minimum trois bons gardiens de but », a-t-il conclu.

Seny Dieng,  »l’arbitre » du match

Entre les deux il y a Seny Dieng. En sélection, le gardien de Middlesbrough a beaucoup plus de vécu que Mory Diaw. Dans son CV, il a notamment deux matchs de Coupe d’Afrique 2021. C’est en effet lui qui a démarré l’aventure victorieuse au Cameroun. Avec brio. Le natif de Suisse avait été décisif lors des deux premiers matchs du Sénégal, réalisant deux clean-sheets face au Zimbabwe (1-0) et à la Guinée. Joueur de Championship, ses matchs sont cependant moins regardés que ses concurrents. Ce qui joue bien évidemment en sa défaveur dans le débat populaire. Mais peut-être pas aux yeux d’Aliou Cissé. Ce vendredi d’ailleurs à 10h GMT, le sélectionneur annonce les noms des trois gardiens de but pour la rencontre amicale entre le Sénégal et le Cameroun (16 octobre 2023 en France). Comme en septembre, les trois y seront bien évidemment. Et nul doute que le choix de Cissé dans les buts face aux Lions indomptables sera très scruté et donnera des indications sur la tendance à trois mois du début de la CAN 2023.

Moustapha M. SADIO

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