Les alentours du siège de la FIF grouille de monde ce 16 octobre 2023. A la veille de Côte d’Ivoire-Afrique du Sud, les fans s’arrachent les tickets de 3 euros , de 7,5 euros et 15 euros. Sur quatorze points de vente, seul ce site concentre toutes les attentions. Il n’y a plus de tickets ailleurs. Certains clients les ont achetés en gros pour les revendre au prix fort à quelques heures du match le 17 octobre 2023. Face au Maroc, le 14 octobre 2023, c’était pareil. Cela avait soulevé le courroux de plusieurs fans qui ont critiqué avec véhémence le fait que la FIF, en vendent plusieurs tickets à une tierce personne, favorise ce trafic. Sur les 22500 billets mis en vente pour chaque match, plus de la moitié se retrouve au marché noir.
«Là, on nous dit qu’il n’y a plus de tickets de 3 euros et 7,5 euros. Il ne reste que ceux de 15 euros. C’est révoltant. Nous n’avons pas d’argent pour payer aussi cher. A 3 euros , on peut s’avancer. A 7,5 euros, on peut faire l’effort mais au délà, ça devient difficile. Nous ne travaillons pas mais nous aimons notre équipe nationale et on veut aller la voir . C’est dommage que la FIF ne favorise pas tout ça», fustige G. Stéphane, rencontré dans une station-service à Treichville, à 200 m de la Fédération Ivoirienne de football.
«Il n’y a aucun ticket dans les autres points de vente. Et quand tu viens à la Fédération, le désordre est tel que tu n’as plus envie d’aller au Stade. Mieux, au sein même de la Fédération, il y a des officiels qui inondent le marché noir après avoir acheté des centaines et des centaines de tickets de 3 euros et 7,5 euros pour les revendre plus chers. C’est dommage que la FIF, censé être transparente, se rende complice des vendeurs du marché noir. A cause d’eux, les billets de 3 euros passent à 6 voire 9 euros, ceux de 7,5 à 15 voire 20 euros, ceux de 15 euros passent à 30 euros et plus. Bref les prix flambent sans qu’on ne sache quoi faire. Ils vendent cher au marché noir pour se faire plus de sous pendant qu’on souffre», dénonce N. Sabrina, une Ivoirienne d’origine marocaine, qui comme tous les Ivoiriens, est agacée par le trafic autour des tickets à quelques mois de la CAN.
«La FIF n’est pas mêlée au marché noir»
Acculée de toutes parts et accusée partout, la FIF, à travers son directeur exécutif, Armand Gohourou, a organisé une conférence de presse le 15 octobre 2023, au lendemain de Côte d’Ivoire-Maroc (1-1), pour nier en bloc toutes les accusations et annoncer l’ouverture d’une enquête interne afin de faire la lumière sur le marché noir autour des précieux sésames.
«Depuis les préparatifs des matchs amicaux des Eléphants face au Maroc et à l’Afrique du Sud, nous avons mis en place un dispositif de billeterie qui est déployé sur les principaux sites avec quatorze points de vente. Quatre points de vente à la FIF, deux guichets dans les mairies de Yopougon, Cocody, Adjamé et Plateau, un à Cap Nord et un à Cap Sud. Les consignes sont strictes pour que les Ivoiriens soient servis. Un individu ne doit pas s’acheter plus de trois tickets pour le match face à l’Afrique du Sud. S’il paie trois billets, on s’en tient au fait qu’il y a un pour lui et deux pour deux membres de sa famille. S’il doit en acheter plus de trois, il lui faut une autorisation expresse de la direction exécutive. S’il veut le faire pour des individus qu’il se munisse des pièces d’identité et numéros de téléphone de ceux-ci pour qu’on puisse les joindre avant de les servir», a expliqué Gohourou à SNA le 16 octobre à son bureau à la Maison de verre de Treichville.
Il n’a pas manqué d’énumérer les mesures prises pour éviter tous les désagréments dû à l’achat des tickets. «On a bien étudié les choses avant de procéder aux ventes. Les gens racontent des inepties, des contre-vérités. Sachant qu’aucune entreprise humaine n’est pas parfaite, force est de reconnaître que dès le début il y a eu de petits ratés mais tout de suite des consignes ont été données. Mais la FIF n’est mêlée ni au marché noir ni à quoique ce soit. Sous le contrôle de la police, aucun individu ne peut avoir accès à la FIF. Ce matin du 16 octobre, veille de Côte d’Ivoire-Afrique du Sud, si vous venez à la FIF sans une autorisation valable vous ne pouvez pas y avoir accès. Concernant ce qui se passe dehors, il y a des choses qu’on ne peut pas forcément contrôler. J’ai aussi demandé qu’il n’y ait pas d’intermédiaire entre les guichetières et les usagers», assure le DEX.
Depuis le 24 mars 2023, plusieurs plaintes ont été observées mais la FIF a toujours tout rejeté du revers de la main, en menaçant même les auteurs de rumeurs d’aller en procès. Le mois de novembre, dernier test de vente de billets avant la CAN, devrait être décisif pour redonner la confiance aux fans des Eléphants.
Sanh Séverin
