Sport News Africa : Comment jugez-vous cette première saison avec le Wydad Casablanca ?
Bouly Jr SAMBOU : Je suis satisfait de ma première saison au Wydad AC (19 buts, toutes compétitions confondues), mais pas à 100%. Je suis capable faire beaucoup mieux. C’est normal que mes débuts soient poussifs. C’est une première année d’adaptation. Je n’ai plus mes coéquipiers habituels. C’est de nouvelles têtes, un nouvel environnement.
Il faut vite comprendre le fonctionnement du club et plonger dedans pour réussir à vous imposer. Lors de la Coupe du monde des clubs par exemple, j’avais une blessure qui a fait douter de ma participation. Je n’étais pas à 100%. Le coach m’a fait confiance en me donnant une dizaine de minutes dans le temps réglementaire et les prolongations lors de notre quart finale de Mondial des clubs. Malgré l’élimination, ça reste une belle expérience.
Qu’est-ce qui explique cette adaptation expresse dans le championnat du Maroc ?
Je suis quelqu’un qui croit en lui. Partout où je vais, je me dis que si je travaille dur, je m’adapterai et performant malgré les difficultés. Au début au Wydad, c’était un peu compliqué surtout avec la barrière linguistique, l’arabe. Mais en football, le langage est universel. À mon arrivée, j’ai eu la chance de compter sur le soutien des stars du club qui m’ont tout de suite pris sous leurs ailes. Dès mes premiers entraînements ils ont dû se dire que je pourrais être un maillon essentiel dans le groupe. Et qu’il fallait en effet me faciliter l’intégration. Aujourd’hui, on peut dire qu’ils ne se sont pas trompés.
J’avoue que cela n’a pas été simple au début avec le Wydad. Quand vous arrivez quelque part, certains veulent vous faire comprendre que ce sont eux les boss (rires). Même au Sénégal ça existe. Je sais ce que je veux et où je veux aller. Je reste donc focus sur mes objectifs. Avec Arsène (Zola), on s’est vite rapprochés. Au fur et à mesure, les autres aussi se sont rapprochés de moi. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai mis tous mes coéquipiers dans la poche.
«À mon arrivée, je faisais beaucoup de shopping, c’est devenu impossible pour moi. Je mettais 45 minutes, une heure pour me rendre à un lieu à 15 minutes de chez moi. Les fans ici sont totalement obsédés par leurs joueurs.»
Comment est-ce que vous vous intégrez dans le quotidien à Casablanca ?
En dehors du football, je ne sors pas souvent à Casablanca. Quand je sors, c’est grâce à mon agent. Quand il est content de moi après un match, il me dit que j’ai quartier libre (rires). On sort avec mon frère Samba, on change d’air, on mange un morceau et retour à la maison. À mon arrivée, je faisais beaucoup de shopping avec mon frère mais ensuite y avait que Samba qui y aller parce que c’est devenu impossible pour moi. Les gens me reconnaissent. Je mettais 45 minutes, une heure pour me rendre à un lieu à 15 minutes de chez moi. Les fans du Wydad sont totalement obsédés par leurs joueurs. Parfois juste pour des photos.
En parlant de cette passion des fans, la semaine dernière, le coach Garrido a jeté l’éponge sous leur pression alors que vous êtes encore en course sur trois tableaux. Comment le vivez-vous dans le groupe ?
Le public du Wydad est très exigeant et ils ont leur mot à dire dans ce club. Quand ils expriment un souhait en majorité, le club est obligé d’exécuter (rires). Ils sont vraiment puissants. C’est pourquoi depuis le début de la saison, ça nous fait déjà 4 entraîneurs. C’est un public qui veut une équipe joueuse malgré les victoires. Ils ont mal quand l’équipe gagne en jouant mal. Ils aiment le spectacle (rires). Le Wydad est une famille. Et c’est l’état d’esprit du groupe qui va déterminer la réussite du nouveau coach. Sans la solidarité chez les joueurs, même si on ramenait Carlo Ancelotti, il n’aurait pas réussi ici. C’est aux joueurs de protéger l’entraîneur.
Vous avez été le héros du Wydad avec cette qualification aux tirs au but face à Simba. Comment avez–vous vécu ce match ?
J’ai manqué le match aller (défaite par 1-0) face à Simba pour cumul de cartons. C’était une erreur de l’arbitre lors du match précédent. Mais si je l’avais signalé, c’est notre capitaine (Yaya Jabrane) qui aurait été expulsé. Je me suis donc sacrifié et rater le match aller parce que notre capitaine est essentiel dans notre jeu. Au retour, tout le monde disait que j’allais offrir la qualification au Wydad. Cette pression et cette attente étaient lourdes. Je ne pouvais pas les décevoir en marquant de la tête.
«Un joueur viendra, Aliou Cissé m’appellera en sélection»
Le Wydad est une fois encore en demi-finale de Ligue des champions. À quoi va se jouer cet affrontement face au Mamelodi Sundowns ?
Mamelodi est la meilleure de la Ligue des champions et nous (Wydad) la meilleure défense. Ce match risque de se jouer sur de petits détails. L’équipe la plus concentrée se qualifiera en finale. On fera tout pour remporter le match aller à domicile sans encaisser de buts. Ensuite on ira en Afrique du Sud et essayer de marquer en premier. Nous avons le groupe capable de tout et nous sommes les tenants du titre. On essayera de défendre dignement ce trophée pour répéter l’histoire en finale.
Quelles sont vos ambitions sur le plan individuel ?
Je suis déjà à 7 buts en Ligue des champions, dont 3 lors des préliminaires. Je suis meilleur buteur de la Botola grâce à Dieu. Mes objectifs personnels sont de marquer le maximum de buts (pour le Wydad). C’est ce que les gens attendent d’un avant-centre. Je veux terminer meilleur buteur en championnat et en Ligue des champions. J’arrive du Sénégal avec le statut de meilleur buteur. Je dois donc perpétuer cette tradition.
Pensez-vous que vos performances dans un club comme le Wydad pourraient vous ouvrir les portes de la Tanière ?
L’équipe nationale A ? Pourquoi pas. Le championnat marocain fait partie des meilleurs en Afrique. Et j’ai la chance d’évoluer au Wydad qui est la meilleure équipe du continent. Le sélectionneur national, Aliou Cissé l’a lui-même dit, « il ne sous-estime personne ». Il prendra les joueurs performants. C’est quelque chose qui me motive à travailler. Donc pourquoi pas. J’y crois fermement. Un joueur viendra, il m’appellera en sélection. S’il me donne ma chance, je ferai tout pour la saisir.
Par Moustapha M. SADIO