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Bénin : bras de fer autour du format du championnat

Le 22 décembre 2020, la Fédération béninoise de football optait pour un championnat professionnel à 36 clubs. C’était à l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire tenue à Grand-Popo. Selon les décideurs, la Super Ligue  devait ainsi se disputer en deux phases. Une première dénommée Ligue Pro qui réunit en effet  36 clubs répartis en 4 zones de neuf équipes. Au terme de cette première partie, les quatre meilleurs clubs de chaque zone se qualifient pour la Super Ligue Pro de 16 clubs. Les autres sont alors reversés en Ligue Pro Suite de 20 pour ce qui est de la seconde phase du championnat.

En Super Ligue Pro où les clubs issus de la même zone ne s’affrontent pas, le premier représente le Bénin dans les préliminaires de la Ligue africaine des champions pendant que l’équipe classée deuxième est engagée dans les préliminaires de la Coupe CAF. En Ligue Pro Suite, les clubs s’affrontent dans un tournoi de deux zones. Les deux derniers de chaque zone descendent en Ligue 3 au profit des deux premiers de la troisième division qui rejoignent directement l’élite. Trois ans après, entraîneurs et joueurs font cependant le bilan et n’y trouvent pas un engouement à cette réforme que les initiateurs n’ont jamais justifié.

«On remarque une disparité de niveau assez criard»

«Ce format zonal rend moins performant. La concurrence n’existe pas vraiment. Après un club peu être champion (de la Super  Ligue) sans avoir forcément joué contre tous les autres. Coton FC est aujourd’hui champion du Bénin mais n’a pas joué contre Avrankou Omnisports et Hodio FC qui ont pourtant disputé le championnat», fait remarquer Feliciano Montcho, latéral gauche de l’ASPAC.

Victor Zvunka, entraîneur de Coton FC, qui a conservé son titre à l’issue d’un long championnat déplore l’absence de compétitivité vers la fin du championnat. «Quand tu fais un championnat et qu’il n’y a pas de descente, dans les cinq derniers matchs, les dernières équipes, tu ne crains plus rien parce que tu sais que la saison prochaine tu vas encore rejouer la Ligue Pro », regrette-t-il. Le coach adjoint de Loto-Popo vice-champion du Bénin va plus loin et estime que «l’idée de départ n’était pas mauvaise mais après trois années on se rend compte que le format a montré ses limites. On remarque une disparité de niveau assez criard dans certaines zones», observe Ouzérou Abdoulaye.

«Il faut passer à un championnat à 14 ou 16 clubs»

Ces dernières années le niveau de la Super Ligue est vivement critiqué. Les représentants du pays aux compétitions interclubs de la CAF sortent dès le premier tour avec des bilans catastrophiques. Pour les observateurs du football local, ces contres performances reflètent le niveau du championnat.

Dans le rang des entraîneurs, on ne manque pas de propositions pour retourner à l’ancienne formule. «Si on veut améliorer la qualité de notre championnat pour que les équipes puissent progresser, il faut passer à une phase avec 14 ou 16 clubs et faire une deuxième division. Les dirigeants devraient se voir et dire que le championnat va partir avec 4 poules de 9 clubs. On fait de nouveau les deux phases. Les deux premières équipes de la Ligue Pro Suite montent en D1 et les deux dernières descendent», suggère le technicien français Victor Zvunka passée par Toulouse, Guingamp, CR Belouizdad ou encore Horoya FC.

Sakibou Madougou, coach adjoint de Bani Gansè Fc fait deux suggestions. « Je souhaiterais voir les 16 clubs de Super Ligue Pro plus les deux premiers de la Ligue Pro Suite constituer la première division. A la rigueur, on conserve les 16 équipes de la SLP pour former la première division et le reste va discuter la deuxième division ».

«Si on garde les mêmes mentalités nous allons avoir les mêmes problèmes»

Ouzérou Abdoulaye abonde dans le même sens mais entretient un avis non tranché.  «Peut-être qu’il faudra revenir à un format Ligue 1, 2 et 3 mais si on garde les mêmes mentalités nous allons toujours avoir les mêmes problèmes. Pour avancer, il faut penser à la formation et aux championnats de jeunes. Ce n’est pas le format de 36 qui empêche qu’on respecte le cahier des charges ou qu’on ait des équipes de catégorie de jeunes. Je pense que ce sont nos comportements qui nous empêchent de performer», confie l’ancien international béninois.

Au Bénin, la majorité des membres du Comité exécutif de la FBF compte au moins un club dans la Super Ligue. Et dès lors que les intérêts personnels entrent en jeu, les acteurs ne manquent pas de décisions pour se maintenir dans l’élite au détriment de l’intérêt général.

Rachidi DOSSA

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