Amir Abdou (49 ans), en vacances depuis quelques jours dans sa région du Tarn-et-Garonne, va pouvoir profiter de sa famille jusqu’au 15 juillet, date à laquelle il s’envolera pour Nouakchott afin de préparer la sélection locale, dont il est également en charge, pour les qualifications pour le CHAN en Algérie. Installé sur le banc des Mourabitounes depuis près de quatre mois, le Franco-comorien dresse un premier bilan, marqué notamment par les bons débuts lors des qualifications pour la CAN 2023.
Quatre points en deux matches, après une victoire face au Soudan (3-0) et un nul au Gabon (0-0) : la Mauritanie a pris un départ quasi idéal lors des qualifications pour la CAN 2023…
Les débuts sont en effet très intéressants. Avec quatre points et une différence de buts positive (+ 3), les débuts sont prometteurs. Nous sommes bien partis, mais attendons la suite. En septembre, nous allons affronter deux fois la RD Congo, qui a perdu ses deux premiers matches et qui aura besoin de points. Vous savez comme moi que la RDC a changé de sélectionneur. On va affronter une bête blessée. Il faudra très bien préparer ces matches, et j’ai déjà commencé à le faire.
Lequel des deux matches vous-a-t-il le plus convaincu ?
Face au Soudan, après avoir souffert les deux premières minutes, nous avons su prendre l’ascendant. Marquer trois buts, avoir la maîtrise du match, ne pas prendre de buts, ce sont des aspects très positifs. On m’a d’ailleurs qu’il s’agissait d’une des meilleures prestations de la sélection ces dernières années. J’ai beaucoup apprécié ce match, comme celui au Gabon. La Mauritanie n’a pas obtenu beaucoup de résultats positifs en déplacement ces dernières années. Faire match nul au Gabon, une équipe de qualité et qui est très performante à domicile, c’est positif.
« Le groupe doit passer avant le reste »
Ces deux résultats avaient été précédés de deux victoires face au Mozambique (2-1) et à la Libye (2-0), en matches amicaux, en mars dernier, alors que la Mauritanie restait sur une série d’échecs, en qualifications pour la Coupe du Monde, en Coupe Arabe et lors de la CAN au Cameroun, avec deux éliminations dès le premier tour, et deux changements de sélectionneurs (Corentin Martins et Didier Gomes da Rosa)…
Il y avait une ambiance un peu…délétère. Il s’était passé beaucoup de choses les mois qui ont précédé mon arrivée. Il y avait eu des déceptions au niveau des résultats. Les joueurs étaient un peu désabusés. J’ai donc décidé de m’entretenir avec eux, de faire pas mal de vidéo. J’ai aussi fixé les règles en matière de discipline. L’état d’esprit est très important quand on vient en sélection. Le groupe doit passer avant tout le reste. Je ne suis pas là pour faire le cow-boy, juste pour rappeler les choses et je veux que ces règles soient respectées. Le fait de gagner ces deux matches amicaux nous a permis de partir sur de bonnes bases.
Vous avez décidé de vous passer de plusieurs joueurs qui étaient considérés comme des cadres. En cas de mauvais résultats, les critiques auraient fusé…
J’ai fait des choix, j’ai pris mes responsabilités. Je suppose qu’il y a eu des critiques, mais comme je ne vais pas sur les réseaux sociaux, je m’en fous. Je ne suis pas là pour faire plaisir à untel ou untel, je suis là pour construire un groupe, un collectif, avec des joueurs qui sont motivés et ont envie de tout donner pour le maillot national. Un sélectionneur est d’abord jugé sur ses résultats. Mon objectif, c’est de qualifier la Mauritanie pour la CAN en Côte d’Ivoire. Mais se qualifier est une chose, exister en est une autre. Quand on se qualifie avec les Comores, c’était aussi pour prouver que nous le méritions, et donc essayer de faire autre chose que de la présence. Comme la Mauritanie, les Comores n’ont pas un effectif avec des joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens, et pourtant, nous avons réussi une bonne CAN au Cameroun. La Mauritanie peut donc le faire…