La saignée continue des T-Tiggers : dernier épisode
Rétrospectivement cette situation est la résultante d’une mauvaise gestion et plusieurs décisions surprenantes. La dernière en date est la nomination d’un nouveau sélectionneur à quelques encablures de l’AfroBasket féminin 2023 (en juin) en la personne de Rena Wakama, ancienne joueuse de la sélection. Elle opte pour des essais en divers lieux (Chicago, Lagos et Abuja) pour déterminer son groupe de performance. Cela sur la période comprise entre le 8 et le 11 juillet. Un énième « contre » subi par les D’Tigress.
Cette situation a poussé Oderah Chidom une des stars de l’équipe à arrêter la sélection. Elle dénonce un management tout sauf professionnel. « C’est une équipe nationale. Généralement, ce que vous faites, c’est que vous invitez un groupe de professionnels et que vous participez à un camp, puis les 12 meilleurs de ce camp peuvent concourir dans n’importe quelle équipe et c’est principalement ainsi qu’une équipe nationale est dirigée ». De plus la communication n’est pas optimale.
Les cadres de la sélection ont longtemps navigué dans l’expectative. « C’est vraiment difficile de ne pas avoir le sens de la communication, de ne pas avoir le sens du professionnalisme. Toutes nos informations proviennent de Twitter et des réseaux sociaux. […] Nous ne savons jamais ce qui se passe. Nous posons beaucoup de questions sur des choses simples comme quand aura lieu le camp ? Où il aura lieu ? Qui sont les entraîneurs? Et nous obtenons des réponses comme s’il vous plaît soyez patient […]Tout ce que nous faisons est de dernière minute. Le niveau de professionnalisme n’est tout simplement pas à la hauteur de nos perfroamnces».
Communication et management problématique de la Fédération pour amplifier le problème : second épisode
Cette communication défaillante, répètent les joueuses, qui gardaient un mince espoir de figurer dans le groupe malgré leur absence des camps a été l’une des causes de leur défection massive. L’ancienne capitaine de l’équipe absente du groupe, Adaora Elonu, a dit à ESPN que beaucoup auraient pris part aux essais, s’ils avaient été prévenus suffisamment à l’avance. « Le court préavis était un défi », a-t-elle regretté. Elle a parlé de la course « contre-le-buzzer » que cela demandait. Vous auriez dû voyager dans un autre État, avec toutes les dépenses impliquées. Cela seul, si c’était quelque chose que vous aviez prévu, aurait peut-être été possible. Je connais beaucoup de filles qui ont tendu la main et ont voulu y aller, mais le préavis était trop court ».
Ify Ibekwe, sa coéquipière en sélection lors des précédentes compétitions, pense que cette convocation initiée dans un délai si court, est une punition pour la vidéo devenue virale demandant le paiement d’indemnités et de primes en marge de la Coupe du monde à laquelle elles ont dû renoncer. Une autre des raisons du processus continu de découragement des joueuses.
La fédération, quant à elle, a infirmé les propos des joueuses à propos de ce « sabotage orchestré ». Des proches du président ont déclaré sur ESPN que « chaque joueuse avait une chance égale de concourir pour une place aux essais, et c’est à l’entraîneur de sélectionner le meilleur pour l’AfroBasket féminin 2023».
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Aux origines de l’autodestruction de l’équipe nationale : 1er acte
Après l’envol de la sélection nigériane et le cap maintenu avec 3 titres en Afrique, une place de quart de finaliste au mondial 2018, le Nigeria s’est auto-brûlé les ailes. Qualifié au Mondial, le Nigeria a été retiré par le président Buhari (remplacé depuis) de toutes les compétitions de Basket pour une querelle de positionnement à la Fédération. Pour une période de 2 ans. La raison ? Un conflit ouvert entre 2 camps. Chacun proclamé vainqueur dans 2 élections pour désigner le président de la NBBF.
La « faute technique » avait des allures de coup de massue pour les joueuses, quarts de finaliste, 4 ans plutôt. Des réactions à la hauteur de la désillusion de rater cette fête mondiale sont notées. « Je veux dire ‘wow’. Je pense que je ne porterai plus jamais le vert et blanc » postait sur les réseaux sociaux Ezinne Kalu, la meneuse de jeu de l’équipe d’alors.
Musa Kida confiant pour l’Afrobasket 2023
Voilà la situation dans laquelle la sélection nationale se trouve. Estropié de quelques-unes de ces meilleures joueuses, elle va engager la bataille pour essayer de glaner un 4e trophée de suite. Avec leur vivier la tâche n’est pas impossible. Mais le renouvellement de l’effectif et le manque d’automatisme peuvent constituer des freins à cet objectif. Même si pour nuancer ces griefs, le président de la NBBF, Musa Kida oppose que les essais ouverts pour l’équipe nationale ne sont pas nouveaux. « Nous avons fait la même chose en 2017 et nous avons formé une équipe qui a remporté l’AfroBasket en 2019 ».
Team Nigeria in high-spirit before Afrobasket 2023 in Kigali @nbbfonline #teamnigeria #basketball #kigali pic.twitter.com/0DWP93X0TL
— Official Team Nigeria Basketball (@OfficialTNBball) July 23, 2023