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Sénégal

1997, le retour des Lions du Sénégal sur le toit du basket-ball africain

La date du 3 août 1997 résiste encore et encore au temps dans la famille du basket-ball sénégalais. Année du dernier couronnement continental de l’équipe masculine du Sénégal, 1997 n’a toujours pas été effacé des tablettes. Onze éditions plus tard, la bande à Aly Ngoné Niang demeure la dernière à être montée sur la plus haute marche du podium des championnats d’Afrique messieurs. Une fierté immense pour l’ancien meneur des Lions lors d’une édition aux multiples scénarios.

Une équipe soudée à l’assaut du nouvel ogre angolais

Référence africaine du basket-ball masculin de 1968 à 1980 avec 7 finales de suite dont 4 remportées, le Sénégal est devancé dans cette hiérarchie sur les 15 années suivantes. « L’Angola nous avait dominé en finale en 1995 en Algérie et était notre principal adversaire avec le Nigeria et l’Égypte, explique Aly Ngoné Niang, meneur des Lions en 1997, interrogé par Sport News Africa. Elle commençait à avoir une mainmise sur le basket-ball africain. Malgré la défaite en finale, nous connaissions bien leur équipe et les joueurs de l’Angola. En 1997, on était déterminé à mettre fin à leur règne parce que nous sommes à domicile ». En 1997, la continuité était le maître mot. Le staff dirigé par Bassirou Badji et Ousmane Sarr conserve l’ossature du groupe de l’édition 1995. Huit des 12 joueurs étaient de l’aventure algérienne deux ans plus tôt. « Conserver l’ossature de 1995 a été primordiale, soutient Aly Ngoné Niang. Cette équipe c’était une famille. Même dans les difficultés on était tous ensemble », a-t-il ajouté.

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Un esprit de solidarité mis à rude épreuve lors de la phase de poule. Devant leur supporters, les Lions s’inclinent face aux D-Tigers du Nigeria. Une défaite amer. « Quand on perd contre le Nigeria, nous étions très énervés. À la fin de ce match, dans le car pour rejoindre l’hôtel, les supporters nous ont traités de tous les noms. À l’hôtel, personne n’a dîné. Le staff a tout fait mais aucun de nous n’a voulu manger. La défaite nous était restée en travers de la gorge », raconte l’ancien meneur du Sénégal. Il poursuit : « Quand on a retrouvé le Nigeria en finale, on s’est dit que cette fois-ci on ne va pas se laisser faire. Cette coupe ne pouvait pas nous échapper. On avait fait une réunion avant le match pour se dire que cette finale était la chance de nos vies. Il fallait qu’on batte le Nigeria. Nous étions survoltés. On a joué en groupe, tout le monde s’est donné corps et âme. C’est ce qui nous a permis de devenir champion d’Afrique. »

Accueillir le tournoi pour retrouver le trône 17 ans après

Pour reconquérir l’Afrique, les Lions du Sénégal bénéficient d’un coup de pouce politique. Les dirigeants de la fédération sénégalaise de basket-ball (FSBB) décident de postuler pour l’organisation du tournoi à Dakar. « Nous sortions d’une défaite en finale de l’Afrobasket 1995 en Algérie contre l’Angola. Les dirigeants, en tête le président Ibou Diagne, se sont alors réunis pour décrocher l’organisation de l’édition 1997 afin de reconquérir le trône », se souvient Aly Ngoné Niang. Un tournoi à domicile et un groupe de qualité composé de joueurs locaux et d’expatriés. Après un mois d’une préparation corsée à Thiès (70 KM de Dakar) avec une trentaine de joueurs, le groupe est constitué avec Aly Ngoné Niang, Oumar Mal, Alassane Ndiaye, Raymond Carvalho, Malick Fall, Vincent Dasylva, Boubacar Aw, Makhtar Ndiaye, Assane Ndiaye, Cheikh Mbacké Diop, Mouhamadou Sow et Cheikh Yaya Dia pour aller décrocher la 5ème couronne continentale.

Pourtant, l’épopée victorieuse de 1997 n’a pas été un long fleuve tranquille. Des problèmes financiers s’invitent dans la préparation des coéquipiers de Aly Ngoné Niang. « Les difficultés qu’on a eu à l’époque c’est au moment de partir aux États-Unis pour un stage de préparation dans des conditions difficiles. En plus, les primes étaient insignifiantes. On a donc fait grève et refusé d’embarquer sans une revalorisation des primes. Ça s’est finalement réglé et on est parti aux États-Unis », a révélé Aly Ngoné Niang.

Une communion indescriptible

Jouer devant son public n’est pas toujours un avantage dans le sport. Les attentes des supporters peuvent parfois se transformer en pression négative. Et le public du basket-ball sénégalais n’est pas réputé pour sa patience. Qui plus est dans l’attente de mettre fin à un sevrage de 17 ans. « Les supporters étaient énervés après la défaite contre le Nigeria en poule, et n’ont pas manqué de nous le faire savoir, se remémore Aly Ngoné Niang. On a tout entendu ce soir-là après le match. Mais nous n’étions pas abattus de notre côté. Nous savions que c’était qu’un accroc qui ne remettait rien en cause sur nos objectifs », a confié celui qui est aujourd’hui entraîneur de l’équipe masculine de l’AS Ville de Dakar (D1).

Un public exigeant oui, mais l’un des meilleurs publics d’Afrique a joué un rôle prépondérant dans cette reconquête. « L’ambiance était exceptionnelle le jour de la finale, raconte Aly Ngoné. Lorsqu’on a quitté l’hôtel, impossible d’entrer au stadium Marius Ndiaye qui était déjà plein à craquer. Il y avait encore des milliers de personnes dehors qui souhaitaient rentrer. On a craqué quand on a vu ça. On s’est demandé comment peut-on décevoir tous ces gens ? », se souvient l’ancien maître à jouer du Sénégal. L’affluence en dehors du stadium Marius Ndiaye et la communion dans l’enceinte pour les heureux élus. « À l’intérieur du stadium c’était la furia, des Sénégal, Sénégal descendant des travées. On avait la chair de poule. Le match était plié dès la première mi-temps. On avait une vingtaine de points d’avance en première mi-temps. C’était une immense fierté car le Sénégal restait sur 17 longues années de disette. Notre génération a pu réparer cette anomalie. Le 5ème titre du pays », s’est-il enorgueilli la voix remplie d’émotions.

Dix sept ans d’attente pour une 5ème étoile continentale tant convoitée. Les héros de 1997 ont pu mesurer la portée de leur nouvelle notoriété au sein des populations. « Après la finale, le basket-ball était sur toutes les lèvres au Sénégal. Nous étions adulés par les populations. Le président Abdou Diouf nous a reçu au Palais et nous a récompensé. C’était une joie démesurée pour nous. C’était grandiose. Gagner la coupe d’Afrique pour son pays, qui plus est à domicile devant sa famille et après 17 ans d’attente. Il n’y a rien de plus grand, c’était exceptionnel », s’est rappelé Aly Ngoné Niang.

Moustapha M. SADIO

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