« Des dirigeants lâches », sont les mots de Caster Semenya à l’égard de la Confédération africaine d’athlétisme. Privée de sa distance favorite, le 800 m en raison des règles de World Athletics sur l’hyperandrogénie, la Sud-africaine ne comprend pas le silence des dirigeants de l’athlétisme continental. « Sur ce continent, les gens sont silencieux. Je ne sais pas pourquoi ils sont silencieux. Ils ne se battent pas pour leurs propres athlètes. Vous devez vous montrer et travailler, vous battre pour vos athlètes, et alors l’athlétisme africain sera formidable. En ce moment, c’est décevant », a martelé la double championne olympique du 800 m. Contacté par BBC Sport Africa, le président de la Confédération africaine d’athlétisme, Malboum Kalkaba, ne s’est pas prononcé sur la question. « Désolé, je n’ai pas de réponse», a-t-il signifié au média britannique.
«Les dirigeants sont juste assis dehors, profitant des privilèges»
En avril 2018, la World Athletics a imposé aux athlètes présentant des «différences de développement sexuel» (DSD) de faire baisser avec des médicaments leur taux de testostérone sous les 5 nanomole/l de sang pour participer aux épreuves internationales du 400 m au 1500 m. Ces règles ont touché plusieurs athlètes africaines. Les dernières en date sont Christine Mboma et Béatrice Massilingi. Les deux Namibiennes ont été contraintes d’abandonner le 400 m pour le 200 m. Et Caster Semenya a été touchée par le sort de ces deux athlètes, alors toutes âgées de 18 ans. « Quand j’avais 18 ans, je ne pouvais pas parler. Maintenant, je suis assez mature, je peux parler», a déclaré l’athlète de 31 ans. Elle ajoute. « Imaginez ce qui se passait dans la tête de ces enfants. Elles ne peuvent rien faire, mais les dirigeants sont juste assis dehors, profitant des privilèges.»
Christine Mboma a toutefois réussi sa reconversion sur sa nouvelle distance. La sprinteuse a remporté l’argent aux JO de Tokyo, la Diamond League, les Mondiaux U20 et des records en poche. Francine Niyonsaba, l’ancienne rivale de la Sud-Africaine brille dans les courses de fond. Contrairement à la Burundaise, Semenya, elle, peine à s’affirmer sur ses nouvelles distances. La triple championne du monde a eu du mal à réaliser les minimas des 5000 et 10 000 m pour les Jeux Olympiques. Et aux derniers Championnats d’Afrique, elle a fini sixième au 5000 m en 16mn03, bien loin des minimas pour les Mondiaux (15mn01s.) Malgré ces revers Caster Semenya n’est pas prête à jeter l’éponge. « Nous n’arrêterons jamais de nous battre», promet la légende sud-africaine.