Le Nigeria vient de remercier Gernot Rohr. Le Soudan en a fait de même avec Hubert Velud. Ces deux pays se sont séparés de «sorciers blancs» pour faire confiance à des techniciens locaux. En effet, le Nigérian Augustine Eguavoen prend la succession de l’Allemand tandis que le Belge est suppléé par le Soudanais Burhan Tiya.
Ainsi, sauf nouveaux changements, huit entraîneurs non africains, pour 24 sélections (33,33%), seront en poste à la CAN 2021. C’est cinq de moins par rapport à la précédente édition (Egypte 2019). Et depuis au moins celle de 2015, leur nombre ne cesse de baisser. On dirait la fin d’une époque et l’amorce d’une nouvelle ère qui consacre les coaches locaux, prophètes en leur continent.
De 81,25% de sorciers blancs à 33,33%
À l’intronisation d’Eguavoen et Tiya, il faut ajouter celle de Kaba Diawara en Guinée. L’ancien international guinéen a pris, en octobre, le relais du Français Didier Six. Confirmé pour les trois prochains mois, il dirigera alors la sélection de son pays à la CAN au Cameroun (9 janvier au 6 février).
Kaba Diawara affrontera trois autres sélectionneurs africains dans le groupe B où évoluera le Syli. Il s’agit du Sénégalais Aliou Cissé, du Malawite Meke Mwase et du Zimbabwéen Norman Tangayariwa Mapeza. Cette poule est d’ailleurs la seule des six de la compétition qui ne compte aucun technicien non africain. On en recense un dans chacun des groupes A, D et E tandis qu’ils sont trois dans le C et deux dans le F.
Lors de la CAN 2019, les «sorciers blancs» étaient au nombre de treize. Soit 54,16% des sélectionneurs des pays qualifiés. Le pourcentage était plus important en 2017 (75%, soit 12/16 équipes) et en 2015 (81,25, 13/16), les deux dernières éditions à seize équipes. Du coup, la courbe de représentativité des techniciens africains au tournoi continental a pris la direction inverse. Passant de 18,75% à 66,66% en quatre éditions.
Djamel Belmadi, Aliou Cissé…
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution. Les «sorciers blancs» pionniers ont pris leur retraite ou sont en retrait ou encore décédés. Ce sont les Claude Leroy, Peter Schnittger, Henri Michel, Clemens Westerhof, Blagoje Vidinić, Henry Kasperczak, Jean-Marc Guillou…
Pour la nouvelle vague, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Hervé Renard (vainqueur de la CAN en 2012, avec la Zambie, puis en 2015 avec la Côte d’Ivoire), Vahid Halilhodzic (Maroc) ou Hugo Broos (champion d’Afrique en 2017 avec le Cameroun) ont encore la cote. Mais, la plupart de leurs collègues non africains voient au fil de leurs pérégrinations sur les bancs des sélections du continent, leur étoile pâlir.
Au même moment, on assiste à l’émergence d’une nouvelle classe de techniciens africains. Ils sont relativement jeunes et titulaires des mêmes diplômes que les «sorciers blancs». Ce sont souvent d’anciens joueurs ayant évolué dans les meilleurs clubs européens et donc au fait des exigences du haut niveau. C’est le cas par exemple d’Aliou Cissé (Sénégal) et de Djamel Belmadi (Algérie), les sélectionneurs des pays finalistes de la dernière CAN, remportée par le second.
Pour autant, ce vent de révolution garantit-il le succès pour les sélections d’Afrique ? Bien sûr que non. Un indice : sur les dix dernières CAN (de 2002 à 2019), locaux et «sorciers blancs» comptent chacun le même nombre de victoires.
La Rédaction