L’exercice est difficile, le choix cornélien. Au sortir de cette Coupe du monde (20 novembre-18 décembre), Sport News Africa pouvait établir une ribambelle de «5 majeur». Car, les talents africains ont éclaboussé de leur classe la compétition reine du football. Mais, il va falloir choisir. Donc, forcément éliminer. Certains seront d’accord, d’autres non pour ce fastidieux plébiscite. Mais on plonge quand même.
YASSINE BOUNOU (MAROC)
Le digne héritier de Zaki
Le Maroc ne pleure plus un grand gardien. Difficile de se mettre à un niveau que tout le monde respecte dans le pays. Surtout quand le Royaume avait connu un Badou Zaki. Pour ses contemporains, Zaki n’a pas d’égal et ne l’aurait peut-être jamais. Il faudra être vraiment cartésien pour ne pas voir que les Lions de l’Atlas tiennent bien un digne successeur de Zaki. En Yassine Bounou, le Maroc a gagné de la stabilité dans les buts lors de cette Coupe du monde.
Le portier du FC Seville a été déterminant dans le parcours de ses coéquipiers qui se sont arrêtés en demi-finale contre la France (défaite par 2-0). Avant d’échouer au pied du podium en s’inclinant lors du match de troisième place devant la Croatie (2-1). Quatre buts pris sur ces deux derniers matches de la Coupe du monde, la fin a été moins heureuse pour Bounou. Mais, si le Maroc a effectué un tel parcours, c’est notamment grâce à lui. Et pour cause, Bounou n’a encaissé qu’un seul but sur ses quatre premiers matches. C’était contre le Canada (1-2, 3ème journée).
Au cours de cette compétition, Le natif de Montréal (31 ans) a effectué 7 arrêts décisifs. D’ailleurs, il est devenu le premier gardien dans un Mondial à n’avoir encaissé qu’un seul but en 5 rencontres. Cela n’était plus arrivé depuis 2006 avec Buffon (Italie). Bounou a touché environ 38 ballons avec une précision de passe de 73%.
YOUSSOUF SABALY (SÉNÉGAL)
Sans tambours ni trompette
Il incarne la lucidité. La tête sur les épaules. Youssouf Sabaly n’est pas le plus bling bling ni le plus clinquant dans la sélection sénégalaise. Discret, «anonyme» à la limite. Mais sur le terrain, Sabaly est un super joueur. Intelligent dans ses replacements tactiques, l’arrière droit du Sénégal est toujours debout quand il s’agit de défendre. Il a encore été à la hauteur dans cette Coupe du monde avec les Champions d’Afrique éliminés en 8es de finale par l’Angleterre (Défaite par3-0). Sabaly avait des jambes en feu dans ce tournoi.
C’était d’ailleurs, le Lion qui s’est montré le plus influant dans le jeu du Sénégal. Sabaly a remporté le plus de duels (70%). Mieux en tant que défenseur, il a effectué le plus de passes avec 210 ballons joués. Sabaly a également réalisé le plus grand de sprints avec 241 courses. Il a aussi réussi le plus d’actions dans la surface adverse avec un taux de 82%, selon des stats de la FIFA. «Le jeu demande dès-fois l’apport des latéraux et quand on a la possibilité d’apporter un plus je le fais», disait-il dans un entretien accordé à Walf Quotidien. «Quand je vois que j’ai l’espace pour prendre mon couloir, j’essaie de le faire au maximum. Mais, je suis défenseur avant d’être un contre-attaquant», ajoutait-il.
SOFYAN AMRABAT (MAROC)
Le pitbull
On ne pensait pas qu’il allait tout défoncer durant cette Coupe du monde. D’autant que dans l’effectif du Maroc, les caméras étaient braquées sur Hakim Ziyech, Achraf Hakimi. Sauf qu’Amrabat s’est invité parmi les joueurs qui comptaient chez les Lions de l’Atlas éliminés en demi-finale. Difficile de parcourir un onze de ce Mondial, sans voir son nom scintiller dans l’entrejeu et souvent aux côtés de Luka Modric (Croatie) et de Enzo Hernandez (Argentine). Amrabat était le premier rideau défensif du Maroc et apportait l’équilibre entre les lignes, colmatait les brèches et compensait les replacements tardifs.
Cinquante-six (56) ballons touchés en moyenne, le plus grand total dans la sélection marocaine, 38 passes effectuées par match dont 12 dans la moitié de terrain adverse, 2 tacles en moyenne par rencontre, 4 duels gagnés, 8 ballons perdus, Amrabat a été propre dans son jeu. «Je sais que tout le monde parle de Ziyech et Hakimi mais moi, j’ai envie de parler d’Amrabat, confiait Fabio Capello au Messaggero. Il est fondamental pour l’équilibre de son équipe, en plus d’être un grand coureur : j’ai lu qu’il avait parcouru plus de 14 kilomètres lors du huitième de finale face à l’Espagne. Je le considère comme le Gattuso du Maroc.» Beau témoigne de la part d’une légende du coaching.
MOHAMMED KUDUS (GHANA)
Le petit mozart des Black stars
Regarder Mohammed Kudus dans un terrain, c’est simplement un pur régal. Que du bonheur. Kudus offre tout ce que le football a de splendide, de sublime. Lors de cette Coupe du monde, l’attaquant de 22 ans a répondu présent à chaque rencontre des Black stars. Deux buts et une passe décisive, sans oublier le penalty qu’il a obtenu contre l’Uruguay, Kudus mérite bien de figurer dans le top 5 de Sport News Africa.
Le milieu de terrain de l’Ajax Amsterdam a été élu «homme du match» contre le Portugal malgré la défaite des siens (3-2, 1ère journée) dans le groupe H. Au cours de ses sorties durant le Mondial, Kudus touchait en moyenne 47 ballons par match, réussissait 71% de ses dribbles. Après son super tournoi, les grands clubs d’Europe sont tous assis devant sa porte en attendant de s’assoir en premier sur la table des négociations.
VINCENT ABOUBAKAR (CAMEROUN)
L’inoxydable
Son but à la 92ème minute pour terrasser le grand Brésil avec ses stars, lui vaut de figurer sur ce «5 majeur». Vincent Aboubakar offrait ce 2 décembre une prestigieuse victoire à l’Afrique et au Cameroun la victoire (1-0,3ème journée). Même si les Lions Indomptables seront éliminés avec 4 points, le capitaine a pesé de tout son poids dans cette Coupe du monde où il est également passé par toutes les émotions, de buteur à joueur expulsé. «Il était ainsi devenu le premier joueur à marquer et à écoper d’un carton rouge dans un même match de Coupe du monde depuis Zinedine Zidane en finale 2006 face à l’Italie», signalait le site de la FIFA.
Qu’importe pour Aboubakar, «le Cameroun peut sortir de la compétition la tête haute», déclarait le buteur au micro de beIN Sports. «En plus ça faisait des années que le Cameroun n’avait pas gagné un match de la Coupe du monde», ajoutait Vincent qui a été auteur de buts et quelle réalisation contre la Serbie. Une louche dantesque. Sans doute l’un des beaux chef-d’oeuvres de cette Coupe du monde En d’une passe décisive dans cette rencontre de la 2ème journée (3-3), du groupe G.
Jim CEESAY