Il est à la boxe camerounaise, ce que Roger Milla est au football : une légende. Pourtant, les boxeurs professionnels laissent peu de traces dans les archives et dans la presse. Mais le nom de Martin Ndongo Ebanga occupe la première ligne dans le livre de l’histoire du Cameroun aux Jeux olympiques. Il est en effet le premier athlète de son pays à remporter une médaille olympique. C’était le 11 août 1984 à Los Angeles (Etats-Unis). Le pugiliste avait alors 18 ans, lorsqu’il décrochait le bronze dans la catégorie des poids légers (-60 kg).
Aujourd’hui à la retraite, l’ancien combattant de 56 ans n’en revient toujours pas : «C’est un épisode de ma vie que je n’oublierai jamais, confie-t-il à SNA. Nous étions dans le vrai haut niveau à l’époque et il n’était pas à un Africain de réaliser pareille performance. L’histoire retiendra que je l’ai fait, avec une bonne dose d’abnégation.»
Ils étaient six boxeurs camerounais à ces Jeux olympiques de 1984. Au milieu de colosses comme Pierre Claver Mella (-71 kg), Georges-Claude Ngangue (-67 kg), Jean-Pierre Mbereke-Baban (-63,5 kg), Paul Kamela (-75 kg) et Jean-Paul Nanga-Ntsah (-81 kg), Martin Ndongo Ebanga n’était pas considéré comme l’une des meilleures chances de médaille pour son pays.
Pour le natif de Yaoundé, la compétition débute au second tour. Pour sa première, le jeune Martin prend le dessus sur le Suédois Shadrach Odhiambo qu’il bat sur décision de l’arbitre (RSC) au deuxième round. Lors du combat suivant, le boxeur camerounais vient à bout du Guyanais Gordon Carew par KO au second round. En quart de finale, Ndongo Ebanga croise le fer avec Fahri Sümer. Le Turc se donne à fond, mais la puissance explosive et l’endurance du Camerounais ne lui laissent aucune chance. Il s’incline avec 1 point contre 4. Place ensuite aux demi-finales. Le sort a voulu que Ndongo Ebanga croise le chemin du redoutable Portoricain Luis Ortiz qui va profiter des moments de fatigue de son adversaire pour s’imposer aux points (3-2).
«La boxe ne doit pas mourir avant moi»
Ndongo Ebanga se qualifie ensuite pour les Jeux olympiques d’été de 1988 à Séoul en Corée du Sud. Mais il est éliminé au deuxième tour par David Kamau, pugiliste de nationalité kényane. Le produit de l’écurie du club Sioux 2000 devra alors se contenter de dicter sa loi au plan national. Il décroche notamment dix titres de champion du Cameroun, avant de tenter une aventure professionnelle infructueuse du côté du Luxembourg.
A la retraite depuis les années 1997, il continue de mener sa vie, au service du sport qui lui a tout donner. Un combat sans fin. A l’intérieur du ring. Mais aussi à l’extérieur. Pour que de meilleures conditions de travail soient offertes à la jeune génération. En effet, Ndongo Ebanga mène depuis plusieurs années un plaidoyer auprès du ministère camerounais des Sports en vue de la construction d’une salle de boxe, propice pour façonner les talents.
Une salle qui dit-il, «permettrait aux anciens boxeurs de former les jeunes». «Ils sont nombreux qui aiment la boxe, qui veulent pratiquer cette discipline. Le soutien du ministre fera que la boxe reprenne vie, plaide Martin Ndongo Ebanga. La boxe fait partie de ma vie. C’est grâce à la boxe que je porte le nom que j’ai aujourd’hui. Il faut bien que la boxe reprenne vie. La boxe ne doit pas mourir avant moi.»
Kigoum WANDJI