À première vue, le Maroc n’a pas besoin de grands chamboulements pour les prochaines échéances. Les Lions de l’Atlas, demi-finalistes du Mondial 2022, ont brisé un plafond de verre en devenant la première sélection africaine à atteindre le dernier carré d’une Coupe du monde. Avec un effectif jeune, un coach ambitieux et un mental retrouvé, ils figurent même parmi les favoris de la prochaine CAN qui se tiendra en 2023 en Côte d’Ivoire.
Pour les spécialistes, le Maroc est aujourd’hui ce qui se fait de mieux sur le continent. Les Lions de l’Atlas ont en effet détrôné le Sénégal dans le classement FIFA où ils devraient figurer aux portes du Top 10 mondial comme en 1998. Ils larguent même les Lions de la Téranga qui se sont arrêtés dès les 8es de finale ainsi que le Cameroun, la Tunisie et le Ghana tous mondialistes.
Défense centrale, l’axe du mal
Pourtant, leur effectif présente encore des secteurs à améliorer. Si le poste de gardien est bien fourni avec deux portiers de classe mondiale (Yassine Bounou et Munir El Kajoui), la défense affiche des failles en l’absence du taulier Romain Saïss et de son compère, Nayef Aguerd. Pour preuve, la solide paire n’a concédé qu’un seul petit but, contre le Canada (2-1), sur un contre son camp du second.
En l’absence de l’un ou des deux, le Maroc en a pris 4 en deux rencontres face à la France et à la Croatie, en plus d’avoir concédé de nombreuses occasions. Autrement dit, les remplaçants actuels que sont Achraf Dari, Jawad El Yamiq et Badr Benoun, ne sont pas encore à la hauteur pour prendre la relève en cas d’absence de la paire titulaire.
Dans ce secteur, le Maroc pourra toutefois compter sur les binationaux et certains jeunes joueurs évoluant dans les grands clubs tels que Chadi Riad du FC Barcelone, qui a déjà porté la tunique marocaine en U20. Walid Regragui peut également faire revenir Samy Mmaee, en vue de le relancer et de remettre un peu de concurrence chez les remplaçants.
Milieu, assurance tous risques
Au milieu, le Maroc semble parfait. Sofyane Amrabat et Azzeddine Ounahi ont été impressionnants durant le Mondial. Même le très critiqué Selim Amallah a montré qu’il a le niveau pour assister la paire. Hakim Ziyech et Soufiane Boufal reviennent également pour aider dans l’entrejeu, ce qui permet au bloc d’être compact quand il n’a pas le cuir.
Dans ce secteur, Reggragui a même de belles cartes de rechange : Ilyas Chair, Anas Zaroury et Bilal El Khannous. Le trio devra cependant prouver qu’il mérite d’être dans le groupe. S’y ajoutent des absents tels qu’Imran Louza et Ayman Barkok, qui peuvent dépanner de temps à autre.
Avec les joueurs dont il dispose, Regragui a en tout cas changé l’identité de jeu du Maroc. Une équipe au penchant offensif par le passé, mais qui, aujourd’hui, fait plus mal à ses adversaires lorsqu’elle adopte l’approche défensive.
Attaque, les grands travaux
Le plus gros chantier du sélectionneur du Maroc sera sa ligne d’attaque. Sur les sept rencontres disputées au Qatar, l’équipe est restée muette à trois reprises (Croatie, Espagne et France). Bien que Youssef En-Nesyri soit le titulaire indiscutable, le longiligne buteur manque parfois cette touche technique qui fait vaciller les défenses adverses. Son manque d’aisance technique a notamment constitué un point faible de l’équipe contre la France. Un profil différent aidera énormément la sélection dans les rencontres fermées et qui demandent un attaquant doué, notamment balle au pied.
«C’est un excellent joueur, tient à souligner le coach marocain Abderrahim Taleb. C’est quelqu’un qui fait du pressing, aide en défense… C’est un joueur très tactique et généreux dans l’effort. En tant qu’encadreurs, nous savons tout ce qu’il peut apporter à l’équipe. Certes, il a été très critiqué, mais c’est quand même le premier joueur marocain a marquer trois buts en Coupe du monde.»
Si En-Nesyri restera donc le numéro 1 dans ce secteur, d’autres joueurs peuvent apporter une touche différente. En premier, Tarik Tissoudali. Mais Walid Regragui devrait également se pencher sur les cas d’Ilias Akhomach (18 ans), l’Espagnol d’origine marocaine qui évolue au FC Barcelone ou d’Amine Salama d’Angers (22 ans).
Les Marocains espèrent également enrôler Mohamed Ali Cho (19 ans) qui joue au Real Sociedad. L’attaquant français présente un profil très intéressant grâce à sa vitesse et sa qualité balle au pied, mais n’a pas encore manifesté son désir de porter la tunique des Lions de l’Atlas. Si Regragui arrive à le convaincre, il pourrait constituer un grand complément au groupe en vue des CAN 2023 et 2025 que le Maroc visent après son seul succès en 1976, soit une longue attente de 46 ans. «Les objectifs seront désormais plus grands. Si je n’arrive pas à atteindre la demi-finale lors de la prochaine CAN, je démissionnerai», a clairement dit Regragui après avoir conduit l’équipe dans le dernier carré du Mondial 2022.
Mohamed HADJI