La sélection marocaine des personnes amputées est toujours bloquée en Tanzanie. Sport News Africa a pu joindre quelques joueurs pour recueillir leurs témoignages sur leur passion pour ce sport. Trois se sont confiés sur leur amour pour la discipline, leur fierté de porter le maillot national et leurs histoires personnelles. Au sortir d’une CAN où le Maroc a atteint les quarts de finale.
« J’ai choisi le football d’abord parce que j’aime ce jeu. En plus c’est un sport très populaire dans le monde. Cela m’amuse particulièrement d’y jouer malgré mon handicap. J’aime aussi le défi que cela représente, et le soutien que reçois des autres me renforce moralement pour continuer ». C’est en ces termes qu’Abdelouahab Hammoumi évoque son parcours. Ce joueur a vécu une première expérience enrichissante sur le plan personnel en Tanzanie. Une Coupe d’Afrique qui a réuni des personnes amputées venant de toutes les contrées africaines. Son histoire personnelle est à l’image de celle de la plupart de ses coéquipiers. Un handicap survenu après un accident, une urgence ou une erreur médicale.
« Erreur médicale »
« La raison de mon handicap est une erreur médicale, j’avais neuf ans à l’époque », nous confie-t-il. Malgré ce souvenir qui le hante encore, le footballeur a pu percer dans la vie, atteignant le niveau universitaire dans ses études. Une vraie satisfaction pour celui qui s’entraine avec la sélection à Fès. Mais cette discipline n’en est encore qu’à ses balbutiements dans le Royaume. Car, ce n’est qu’en 2017 qu’elle fait son apparition au Maroc, comme le confirment la plupart des joueurs interrogés. Un championnat existe certes, mais ne regroupe que huit équipes. « J’étais d’ailleurs l’un des initiateurs au Maroc ». « Dans ma ville Fès, j’ai contribué à mettre en place une équipe dans laquelle je joue. Mais au début, nous ne recevions pas autant d’attention comme c’est le cas aujourd’hui avec la CAN », se souvient Abdelouahab.
Saif Eddine El Alami est l’un de ceux qui ont disputé cette CAN. Originaire de Fès, il été amputé suite à un accident de la route survenu en 2004. « J’ai découvert le sport pour cette catégorie de personnes en communiquant avec l’Association des Fils de Fès. J’ai ensuite pratiqué, mais ce n’est que deux mois avant la CAN que nous avons vraiment mis en place une équipe nationale. Auparavant, nous jouions des compétitions entre équipes de ville », explique El Alami.
« Une sensation formidable »
Cette première expérience internationale reste en tout cas gravée dans leur mémoire, même s’ils sont encore déçus de l’issue de la CAN et des péripéties en Tanzanie. « Participer à la Coupe d’Afrique m’a procuré une sensation formidable, et la qualification pour la Coupe du monde est encore plus merveilleuse parce qu’une équipe qui n’a que deux mois d’existence et qui a obtenu un tel résultat… c’est quelque chose dont je suis fier », se réjouit-t-il.
El Alami estime que cette reconnaissance constitue une certaine revanche sur la vie. « Je n’ai pas eu l’opportunité de représenter le Maroc comme militaire par exemple, ou dans d’autres domaines. Mais maintenant, Dieu merci! J’ai pu représenter mon pays avec cette participation et j’espère pouvoir le faire dans d’autres compétitions », renchérit-il.
« Je ne me suis jamais senti handicapé »
Son coéquipier Mohcine Chrharh a, lui, eu une jambe amputée depuis ses deux ans. « Je n’en savais pas grand chose et je me considérais comme une personne normale. Je ne me suis jamais senti handicapé », révèle-t-il. Membre de l’équipe « Fils de Fès », le numéro 10 de la sélection pratique le foot depuis le bas âge avec le handicap. « En 2017, ce sport a commencé à se développer au Maroc, puis j’ai rejoint un club et j’ai commencé à jouer avec eux », explique-t-il.
Ce pensionnaire de « Fils de Fès », où évolue la plupart de la sélection, retient beaucoup de positif de la première compétition officielle disputée avec son pays. « C’était un sentiment formidable, malgré les difficultés rencontrées, telles que l’humidité et les températures élevées. Ces facteurs nous ont empêchés de jouer de bons matchs, sauf au dernier. Je pense qu’avec un meilleur arbitrage nous aurions pu disputer les demi-finales », estime celui qui est en 2e année de formation professionnelle.
« Aucune aide de la fédération »
La plupart des joueurs éludent toutefois la question sur le soutien financier qu’apporte la Fédération royale marocaine des sports pour personnes en situation de handicap (FRMSPSH). « Nous n’avons aucune aide de la fédération royale marocaine pour les personnes handicapées », déplore l’un d’eux. Difficile d’en savoir plus malgré nos multiples tentatives. Interrogé, le coach Fouad Assou n’avait pas encore répondu à nos sollicitations, puisque le technicien et son staff son encore occupés à trouver une issue favorable à la situation qui perdure en Tanzanie.
Mohamed Hadji