Une chose est sûre, Rui Vitoria est certain de ne pas être viré au bout de deux mois, comme son éphémère successeur Ehab Galal, sacrifié après l’élimination des Pharaons en qualifications pour la Coupe du Monde (1-0, 0-1, 4-5 aux t.a.b), et la défaite concédée en juin dernier face à l’Ethiopie (0-2), en qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023. La poussive victoire obtenue quelques jours plus tôt contre la Guinée (1-0) n’aura pas réussi à sauver celui qui restera comme un des sélectionneurs les plus fugaces de l’histoire des Pharaons.
Une –très- modeste carrière de joueur
Rui Vitoria ne risque donc pas de subir le même sort que Galal, puisque l’Egypte ne jouera que fin septembre face au Malawi, à deux occasions. Mais à la place du Portugais, on se méfierait quand même : les têtes pensantes de la Fédération égyptienne ont la mise à la porte assez facile, ces dernières années, et on ne saurait trop que conseiller à Rui Vitoria de ne pas louper ses débuts face aux Flames, dont la réputation de poil-à-gratter n’est plus à faire. L’Egypte, après l’expérience Carlos Queiroz, a donc décidé de confier son destin à un autre portugais, qui présente la particularité de n’avoir jamais entrainé de sélection.
Cela n’est pas rédhibitoire, et comme disait l’autre, il faut bien se lancer un jour. On rappellera utilement que Rui Vitoria a failli ne jamais déballer ses cartons au Caire, puisqu’une offre alléchante d’Al-Shabab (Arabie Saoudite) s’était invitée alors qu’il négociait ferme avec les Egyptiens.
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Le Portugais est la preuve vivante qu’avoir été un joueur plus que modeste n’est pas un frein à une très honorable carrière d’entraîneur, laquelle est en théorie loin d’être terminée, puisque le Lusitanien n’est âgé que de 52 ans. Quand il portait un short et affichait quelques kilos de moins, Vitoria a surtout écumé les terrains des divisions 3, 4 et 5 de son pays, en portant le maillot de clubs aussi méconnus que Fanhoes, Vilafranquese, Alverca, Seixal, Casia Pia et Alcochetense. Une bonne occasion de mieux découvrir la géographie de son pays. Mais sans doute pas assez pour vivre de ses rentes. Une fois sa modeste carrière de joueur achevée, Rui Vitoria a entraîné un de ses anciens clubs, Vilafranquese, en D3, puis les moins de 19 ans de Benfica (2004-2006), sans forcément se douter qu’il reviendrait neuf ans plus tard à Lisbonne, mais par la grande porte.
Le succès à Benfica, l’échec à Moscou
Son premier titre de gloire, certes modeste, Rui Vitoria l’obtient en 2010, quand il devient champion de D3 avec Fatima. L’année suivante, il dirige Paços de Ferreira, avant de faire un bond significatif, en étant choisi pour diriger le Vitoria Guimaréas, un des bons clubs portugais, habitué aux coupes d’Europe. Il remporte la Coupe du Portugal en 2013, et est nommé deux ans plus tard entraineur du Benfica, avec qui il garnit l’étagère à trophées. La preuve : sous son règne, le grand club lisboète devient champion du Portugal en 2016, 2017 et 2019 remporte la Coupe en 2017, la Coupe de la Ligue en 2016 et la Supercoupe à deux reprises (2016, 2017). Il est limogé en décembre 2019, après une première partie de saison jugée décevante par ses employeurs, mais retrouve rapidement du travail, et avec un niveau de rémunération largement supérieur, en s’engageant avec Al-Nasr (Arabie Saoudite).
Dans le Golfe Persique, le Portugais justifie ses émoluments en remportant le titre de champion en 2020, ainsi que la Supercoupe d’Arabie Saoudite. La suite sera moins flatteuse pour lui : engagé par le Spartak Moscou en juin 2021, il est licencié six mois plus tard, à cause d’un bilan peu en rapport avec le standing et les ambitions du club moscovite. Depuis, Rui Vitoria a reçu quelques propositions, plus ou moins conformes à ses attentes. Celle de l’Egypte a finalement emporté son adhésion. Avec un objectif, qualifier les Pharaons pour la CAN ivoirienne.
Alexis BILLEBAULT
