Elles ont dû manquer aux fans du football féminin, mais plus de neuf mois après, les revoici. Le championnat national de football féminin du Congo-Brazzaville commence dans quelque deux heures.
À Brazzaville donc dans la zone A, Galactic rencontre Diables noirs, tandis que l’AC Colombe va s’expliquer avec Rayon du Soleil. Tous les deux matches de cette première journée se jouent au stade Alphonse Massamba-Débat de la capitale congolaise. Signe que «tout est fin prêt» au niveau administratif comme rassurait récemment Paul Samba, président de la ligue nationale de football féminin.
Du côté de certaines équipes, tout semble également au point. «Ça fait déjà deux mois que nous sommes dans la préparation. Diables noirs a des ambitions cette saison. L’objectif est d’être parmi les trois premières équipes et participer à des compétions africaines», rassure pour sa part Alain Makaya, coach de Diables noirs.
Les uns prêts et les autres surpris
« Mes filles sont au point. Chez nous, les entraînements se font tous les jours. Et nos filles sont déjà internées pour bien préparer ce championnat », nous confiait récemment Serge Mampouya. C’est en effet avec beaucoup d’optimisme que le coach d’Epah-Ngamba attendait le match contre Azur Sports.
Mais un match qui ne se jouera pas ce jeudi. Son adversaire Azur Sport a écrit à la ligue pour demander un report, parce que n’étant pas prêt. Et certains clubs ne prendront pas part à ce championnat. FC Royal et Oviebo de Brazzaville sont les deux premiers clubs à se retirer de la compétition. Il ne reste donc plus que sept équipes dans la zone A contre quatre dans la zone B.
Une situation qui dénote «l’impréparation» de la ligue nationale de football féminin, selon Michel Kibiti, coach de l’AC Colombe. Tant la ligue a surpris les équipes. «On n’a pas eu le temps de bien préparer les équipes. On nous a laissés près de 9 mois à la maison et on nous surprend. Ce qui pourrait influer sur les prestations des joueuses. On aurait dû nous laisser une marge de 30 à 45 jours pour bien nous préparer», déplore Michel Kibiti.
«Même si on reporte à deux mois, certaines équipes ne seront jamais prêtes»
Réponse du berger à la bergère. «La plupart de nos équipes n’ont jamais été prêtes. Même si on reporte à deux mois, il y aura toujours des clubs qui diront qu’ils ne sont pas prêts. Ça, c’est la culture de plusieurs clubs féminins de football au Congo», déplore Paul Samba. Le président de la ligue nationale de football féminin dénonce ainsi le manque de maîtrise des règles du sport et de l’administration. «Par exemple, hier (6 juin, NDLR), une équipe dont je tais le nom (Azur Sports, NDLR) m’appelle pour me dire qu’il faut reporter le match, alors que le calendrier est disponible depuis deux semaines. Est-ce que vous trouvez cela normal ? J’ai dit ce serait préférable d’annoncer un forfait de ce club. Voilà des situations auxquelles nous, à la ligue faisons souvent face », décrie encore Samba.
Toutefois, il y a des exceptions. « Prenons l’exemple de FC Porto de Dolisie et de FC Bouenza de Nkayi. Ces deux clubs sont constitués en grande partie d’élèves. Or, nous sommes en période d’évaluations de fin d’année et des examens d’État. Pour ne pas perturber les filles, nous sommes obligés de reporter les matches les concernant », nuance le numéro 1 du football féminin au Congo-Brazzaville.
Ces situations « objectives » ou pas, ne sont pas sans rappeler le déroulement du championnat de la saison dernière. « L’année dernière effectivement, nous avons connu de nombreux soucis. On a par exemple enregistré beaucoup de reports de matches. Ce qui déconcentrait parfois les joueuses », se souvient Serge Mampouya, capitaine d’Epah-Ngamba.
La ligue des champions en ligne de mire
Mais pour cette année les choses semblent avoir changé. C’est du moins, le constat fait par des dirigeants de clubs. « Cette année, nous responsables des équipes avons introduit à la ligue, un cahier des charges de dix points. Et ce qui est bien, c’est que sept de ces dix points ont été jugés recevables par l’équipe de la ligue de football féminin. C’est le cas du versement des subventions aux équipes en temps réel, les équipements et l’aménagement des terrains», reconnaît par exemple le coach de l’AC Colombe, Michel Kibiti.
C’est aussi l’année dernière que l’AC Colombe n’a pas pu participer à la ligue des champions d’Afrique. « Oui, AC Colombe avait tout fait. Mais il ne leur a manqué que les titres de voyage. Et ils n’ont pas pu se rendre à Malabo ».
Mais le champion en titre tient à une aventure, mieux une expérience africaine. « Ce championnat pour nous commence à point nommé. Car nous aurons tout le temps de nous mettre en jambes afin de mieux préparer la ligue des champions. C’est vrai que les rêves de nos homologues de l’AC Colombe ont été brisés, nous allons tirer les leçons de cette déconvenue pour que nous participions à la ligue des champions », promet Serge Mampouya.
Pour les joueuses, la joie est à son comble. Tant chacune tient à s’affirmer ou se réaffirmer. À l’image de Fatoumata Ndiaye, meilleure buteuse en championnat (25 réalisations) et en coupe du Congo (11 buts) l’année dernière. « Cette année je vais encore beaucoup travailler pour m’imposer de nouveau au niveau national et faire une grande découverte de la ligue des champions », rêve la capitaine d’Epah-Ngamba.