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Congo

Football : Kotoko de Mfoa, ce petit poucet qui dévorait les grands

La première journée de la phase aller du championnat national de football Ligue 1 du Congo s’est achevée ce mercredi 26 octobre. Une première journée marquée par la sensation créée par l’Association jeunesse sportive de Kintelé (AS JUK).

Découvrant l’élite pour la première fois, c’est en victime expiatoire que le club de la localité de Kintelé (nord de Brazzaville) se rendait à Pointe-Noire pour s’expliquer avec l’AS Cheminots, un vétéran fondé en 1942, champion du Congo en 1995 et double vainqueur de la coupe du Congo en 1982 et 1984. Et au finish, les Jaune et Bleu se sont imposés 1-0. Un bon départ en vue de l’atteinte de l’objectif fixé par leur manager, Roméo Danga, qui promet de rester «définitivement» dans l’élite.

Et pourquoi pas remporter le titre, comme un autre promu il y a exactement 39 ans, aujourd’hui tapi dans les oubliettes de l’histoire ? Kotoko de Mfoa semble ignoré des générations actuelles.

Le sacre de 1983

Le 19 février 1983, le Kotoko de Mfoa est champion du Congo en battant lors de la dernière journée le FC Abeilles de Pointe-Noire sur le score de 2 buts à 0. Les «Porc-épics» de l’arrondissement 4 Moungali (centre de Brazzaville) venaient d’intégrer le cercle des champions du Congo.

Une performance qui déjoua toutes les prédictions de spécialistes. «Coup de tonnerre au Congo : Kotoko de Mfoa, champion du Congo», titrait par exemple Le Stade, un ancien quotidien sportif.

Créé le 4 avril 1970 sur les cendres d’Arc-en-ciel, un club de Moungali, Kotoko de Mfoa sous la conduite de l’un des célèbres managers congolais Gaston Tsiangana, assisté de Roger Malonga, Anatole Missakidi «Athos» et Timothée Nzoungou, arrive dans l’élite en 1977. Ce, après avoir battu l’équipe de l’AS Bantous lors de l’ultime match du championnat communal de Brazzaville en deuxième division.

Encore appelée les «Enfants de dix maisons» en référence aux célèbres dix maisons du quartier Moukondo qui bordaient le stade d’entraînement de Kotoko de Mfoa, l’équipe va se forger une identité propre à elle. Multiplication de passes millimétrées, dédoublements et extraordinaire habileté à se libérer du marquage… L’art de la possession du ballon était devenu la marque de fabrique de ce club dont la plupart des joueurs venaient tout droit du football de la rue, foot pelote ou «mwana foot», comme on l’appelle ici.

Le rêve africain brisé

Quoi de plus normal lorsqu’une équipe est composée de jeunes dont la moyenne d’âge la plus faible de l’élite avoisinait la vingtaine ! Parmi ces jeunes artistes,  Maganda Sivori, Séraphin Didier Malonga et Célestin Mouyabi «Chaleur», capitaine à l’époque.

Avec leur titre de champion, tous les joueurs rêvent d’une campagne africaine l’année suivante. Mais, stupeur et incompréhension chez les Noir et Blanc. Cette année-là, l’État congolais décide de n’engager aucune équipe congolaise dans les compétitions africaines. La pilule est dure à avaler pour ces jeunes qui ont rêvé grand.

De nombreux joueurs prennent alors le chemin de l’étranger pour monnayer leur talent. C’est le cas de Mouyabi Chaleur à Chaumont puis Beauvais en France, Mbemba Jacquot, Benoît Milandou…. Avec cependant des fortunes diverses.

D’autres générations et d’autres joueurs tout aussi talentueux vont porter la fameuse tunique noir-blanc, comme le gardien Samba Brice (père du gardien du RC Lens), qui poursuivra son aventure chez les Diables noirs au mitan des années 1990.

Kotoko oublié ? 

C’est justement à cette période que le football comme d’autres disciplines sportives au Congo va battre de l’aile du fait des perturbations provoquées par des transitions politiques mouvementées. Des compétitions vont être suspendues, le sport va connaître une véritable période d’hibernation.

Du beau gâchis. À la relance des activités sportives, les résultats du Kotoko de Mfoa sont en dent de scie. Les joueurs de qualité se font rares tout comme les dirigeants qui, pour la plupart, ont quitté le navire. C’est le début de la fin de l’histoire d’un club passionnant, d’une génération dorée, des ambitions étouffées… Et aujourd’hui, il ne reste plus que des souvenirs qui se fossilisent au fil du temps.

John Ndinga-NGOMA

 

 

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