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Congo-crise au judo : le cri du cœur du vétéran Marc Olivier Loufouma

Sport News Africa : Vice-champion de France cette année, champion de France l’année dernière, le chemin qui mène à la gloire n’est pas sans embuches. N’est-ce-pas ?

Marc Olivier LOUFOUMA : Ce n’était du tout facile. La qualification au championnat de France se fait en plusieurs étapes. Mais en tant que champion sortant, j’étais qualifié d’office. Pour aller chercher un titre de champion de France, on est obligé de travailler. J’avais commencé à travailler dès mon retour des Championnats du monde. C’est pourquoi j’ai décroché une deuxième place au tournoi de Tremblay. J’ai fait au moins trois autres tournois cette année comme celui Val-d’Oise où j’ai terminé à la première marche.

Sport News Africa : Quels sont les secrets de vos performances ?

Marc Olivier LOUFOUMA : Le judo est un art martial. Et cet art n’a aucun lien avec les fétiches. J’ai eu la chance d’être dans un pays qui est assez bien vu (à l’extérieur) par rapport au judo. La France regorge pleins de talents. Donc, j’ai toujours mis l’accent sur les entraînements, la persévérance, l’effort physique et non les fétiches. Mon maître, Tchapi disait : ‘’s’il n’y avait que les fétiches, le Congo ou les Africains seraient champions du monde dans tous les domaines sportifs’’.  Je suis resté fidèle à ce précepte ou principe. C’est sans doute ce qui explique mes performances.

Sport News Africa : Les sportifs ont toujours été insatisfaits voire insatiables quelles quel soient les performances. Quelles sont cependant les nouvelles ambitions du vice-champion de France ?

Marc Olivier LOUFOUMA : Tout sportif est animé par un esprit de challenge et de compétition. Et qui dit compétition dit qu’il faut aller plus loin donc se surpasser. L’étape prochaine pour moi, c’est le championnat du monde. J’ai participé à ma première édition en 2022. Et j’ai terminé 7ème. Cette fois-ci, j’ai envie de voir à quel point je peux dépasser mes limites à Abu Dhabi 2023 (du 31 octobre au 3 novembre).

Sport News Africa  : Comment jugez-vous est l’état du judo au Congo qui a a été suspendu par la Fédération internationale de judo ?

Marc Olivier LOUFOUMA : Cest une question qui fait mal au cœur. En Afrique, on a coutume de dire que le linge sale se lave en famille. Et nous bien qu’on ait essayé de laver ce linge sale en famille, mais rien n’a été fait. On a même voulu faire intervenir des gens d’autres familles pour venir nous aider à régler le problème. Aujourd’hui, nous sommes bloqués, parce que toutes les initiatives qui ont été engagé par l’Union africaine de judo et la Fédération internationale de judo (FIJ) pour trouver une solution de sortie de crise, n’ont produit aucun résultat probant. Il était question d’organiser des élections pour mettre en place un nouveau bureau, conformément aux recommandations des instances internationales. Malheureusement, nous n’avons pas pris en compte ces recommandations.

 

«Tant que la suspension ne sera pas levée, ce sont des talents qui continueront de sombrer dans l’anonymat»

 

Sport News Africa  : Pourtant, la Fédération congolaise de judo et disciplines associées (FECOJUDA) fonctionne bien, comme en témoignent les états généraux en cours…

Marc Olivier LOUFOUMA : Oui, mais ce n’est pas suffisant.

Sport News Africa  : C’est-à-dire ?

Marc Olivier LOUFOUMA : Le fait que la FIJ a suspendu le Congo en dit long sur la situation du judo. Le Congo ne compte aujourd’hui qu’un seul athlète qui essaie de défendre les couleurs nationales au niveau de l’étranger. Je suis le seul athlète à ce jour qui continue à se battre, à hisser plus haut le drapeau national. Tout cela parce que la FIJ a suspendu le Congo. Une suspension causée par notre façon de faire et de diriger.

Et la FIJ et l’UAJ sont arrivées à Brazzaville et ont fait un grand travail que nous connaissons tous (organisation des élections). C’est dire que les deux instances nous avaient ouverts une porte de sortie de crise en proposant la reprise des élections.  Mais puisque l’option n’arrangeait pas certains, c’est ce qui explique que le judo congolais ne jouisse pas aujourd’hui d’une bonne santé.  J’espère bien que la situation va se débloquer sous peu.

Sport News Africa   : grâce à vos performances, vous êtes désormais une icône au niveau national. Si vous aviez des propositions à faire pour une sortie de crise, que diriez-vous ?

Marc Olivier LOUFOUMA : J’espère que le ministère des Sports va bientôt convoquer une Assemblée afin que les choses reprennent leur déroulement normal. La solution est simple, même si ça paraît plus difficile à dire qu’à faire. On gagnerait à remettre tout le monde à la table et à lire sans passion ni état d’âme, les textes nationaux, mais aussi ceux prévus par les instances internationales. Il suffit donc de reprendre le travail amorcé par l’UAJ et la FIJ. Les deux instances ont été formelles : tant que ces conditions ne seront pas réunies, la suspension ne sera pas levée. Et pendant ce temps, ce sont des talents qui continueront de sombrer dans l’anonymat.

Propos recueillis par  John NDINGA NGOMA

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