Est-ce une surprise pour vous de voir la Guinée Equatoriale qualifiée pour les quarts de finale ?
Avant la CAN, j’avais dit que cette équipe pourrait être une des surprises de la compétition. Il ne faut pas oublier qu’elle a déjà atteint les quarts en 2012 et qu’elle a terminé à la quatrième place en 2015. C’était à chaque fois à domicile, mais au Cameroun, cette sélection est aussi un peu chez elle. Je connais très bien cette équipe. Quand je l’entraînais, la grande majorité des joueurs était déjà là. Je ne suis donc pas surpris par ce que cette sélection montre lors de cette CAN.
En un mot, comment pourriez-vous la résumer ?
Je choisirais le mot abnégation. C’est une équipe accrocheuse, qui ne lâche rien. Il y a beaucoup de générosité, et l’ensemble est très bien organisé. La Guinée Equatoriale prend très peu de buts : un seul depuis le début de la CAN, contre la Côte d’Ivoire (0-1). Elle préfère procéder en contre, et on a vu, contre l’Algérie (1-0) puis la Sierra Leone (1-0) qu’elle est très efficace. Elle ne se procure pas beaucoup d’occasions, mais elle fait preuve de réalisme.
La Guinée Equatoriale sait aussi se montrer assez truqueuse…
C’est vrai. Ils ont des joueurs très malins, qui savent provoquer des fautes, énerver les adversaires. Iban Edu, qui est par ailleurs un bon footballeur, technique, est très fort dans ce registre. Il parle beaucoup, il est agaçant. On a vu que certains Maliens étaient sortis de leur match. En fait, les Equato-guinéens essaient de rentrer dans ton cerveau. Et ça marche plutôt bien. Et ils ont de bons joueurs dans toutes les lignes. Jesus Owono, le gardien, Saul Coco en défense, Edu au milieu, Nsue en attaque notamment…
«La CAN de la Guinée Equatoriale est déjà réussie»
Depuis quelques mois, cette sélection est en pleine euphorie…
Oui. Elle s’est qualifiée pour la CAN grâce à des succès obtenus dans les derniers instants en Libye (3-2) et face à la Tanzanie (1-0). Elle a fait un bon parcours lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022. Elle ne se met pas de pression. Sa CAN est déjà réussie même si elle s’incline contre le Sénégal. Il n’y a pas de grands du football africain dans son effectif. Les joueurs évoluent souvent dans de modestes clubs espagnols, en Grèce ou dans le championnat local. Mais c’est un groupe où il y a une bonne ambiance. Les gars sont heureux de se retrouver, de jouer ensemble.
Elle a donc les moyens de poser des problèmes au Sénégal ?
Bien sûr. Elle va laisser les Sénégalais prendre des initiatives et essayer de les punir en contre, avec Emilio Nsue notamment. La pression sera sur les Lions, par sur le Nzalang. Son sélectionneur, Juan Micha, que j’ai côtoyé quand j’étais en poste en Guinée Equatoriale, apporte de la sérénité et du calme à ses joueurs. Par contre, la différence pourrait se faire certes sur la qualité des effectifs, car les Sénégalais ont des joueurs de classe mondiale. Et ceux-ci ont l’expérience des grands rendez-vous, ce qui n’est pas le cas des équato-guinéens. Mais il est évident que s’ils ne marquent pas assez rapidement, les Lions vont avoir beaucoup de difficultés à sortir du piège. Personnellement, et même s’il ne m’enthousiaste pas, je pense que le Sénégal va se qualifier, mais ce sera difficile.
Alexis BILLEBAULT