Après El Hadj Ousseynou Diouf en 2001 et 2002, Sadio Mané est devenu jeudi le 2ème Sénégalais sacré footballeur africain de l’année à deux reprises aux CAF Awards. C’est la 2ème fois d’affilée que le joueur formé à Génération Foot remporte ce trophée. Une distinction qui vient couronner la saison 2021-2022 stratosphérique du génie sénégalais. Une consécration des plus logiques vue du Sénégal.
Début d’année 2022 de haut vol
« C’est sans surprise que Sadio (Mané) gagne le Ballon d’Or (joueur africain de l’année, ndlr) vu sa saison en club et surtout avec l’équipe nationale, soutient au micro de Sport News Africa, Cheikh Sidy Ba, ancien international sénégalais. C’est une double consécration logique. D’autres viendront car il n’a que 30 ans, il vient de démarrer un nouveau cycle avec le Bayern Munich. C’est un grand jour pour lui, pour le football sénégalais qu’il égale El Hadj Diouf », a confié l’ancien défenseur central des Lions.
Pour Thierno Dramé, chef du département des sports à la télévision nationale sénégalaise, les performances de Mané à la CAN au Cameroun ont mis tout le monde d’accord pour ces CAF Awards. « C’est tout à fait logique pour Sadio. Il faut simplement s’arrêter à la coupe d’Afrique des nations. Il est désigné meilleur joueur de la compétition, il gagne le trophée avec le Sénégal et marque le penalty décisif. Rien que ça justifie qu’il soit joueur africain de l’année », explique-t-il. Une coupe d’Afrique dans l’escarcelle et aussi une fin de saison tonitruante en club pour définitivement reléguer la concurrence au second plan.
« Il y a eu sa 2ème partie de saison avec Liverpool où il a été le joueur le plus décisif. Si Salah a fait une bonne première partie de saison, il est évident que Sadio a été le joueur le plus important des Reds. Et il y a cette qualification à la Coupe du monde avec cette double confrontation face à l’Egypte et Salah notamment avec le match retour où il a été excellent. Il enchaîne avec les qualifications à la CAN (2023) où il inscrit 4 buts en deux matchs. C’est un beau champion », insiste le journaliste.
Au Panthéon du football sénégalais
A 30 ans, au sommet de son art, Sadio Mané s’est lancé dans un nouveau challenge en quittant le championnat anglais et les bords de la Mersey pour la Bundesliga et la Bavière. Pour, peut-être, un autre chapitre de son règne sur le football africain à l’instar de Samuel Eto’o lauréat 3 fois de suite (2003, 2004 et 2005) ou Yaya Touré, 4 fois vainqueur d’affilée (entre 2011 et 2014). « Il a les capacités de faire la passe de 3. C’est un garçon sérieux, qui a une bonne hygiène de vie et en allant au Bayern, il devient la star du club bavarois », soutient Cheikh Sidy Ba.
Ce dernier renchérit : « Il y a la Coupe du monde qui arrive en fin d’année et on connaît tous l’amour qu’il a pour le Sénégal. Souhaitons-lui de rester en bonne santé pour faire les meilleures performances. Moi j’y crois car c’est un bourreau de travail qui sait rester focus. Il a encore 4 ou 5 belles années devant lui et peut même gagner 4 Ballons d’Or de suite ». Son coéquipier en sélection du Sénégal, Edouard Mendy, termine 3ème derrière Salah et Mané. Le gardien de Chelsea filait droit vers ce trophée qui a été décerné 6 mois plus tard qu’habituellement.
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« En rentrant de la CAN dans l’avion, je taquinais Sadio en lui disant qu’il allait devoir céder son Ballon d’or à Edouard Mendy, raconte Thierno Dramé. Malheureusement pour « Edu », la CAF n’avait pas encore décidé d’une date pour les CAF Awards. Si la saison 2020-2021 était prise en compte, c’est clair qu’il aurait été favori pour ce trophée. Mais le sacre reste au Sénégal et je pense que Mendy est très heureux que Sadio l’ait gagné. Tout comme Sadio se serait réjoui si Mendy avait été sacré », a-t-il ajouté.
Ce 2ème trophée de meilleur joueur africain de l’année vient confirmer s’il le fallait encore, le statut de Sadio Mané dans l’histoire du football sénégalais. « Compte tenu de son palmarès et de son talent individuel, pour moi c’est le Roi, le meilleur footballeur de l’histoire du Sénégal, estime Thierno Dramé. Il devait égaler El Hadj Diouf au nombre de récompenses individuelles. C’est désormais chose faite. Même sur le plan de la carrière en club, il a gagné des trophées qu’aucun autre sénégalais n’a remporté à part Mendy. Et quand on sait qu’il a encore 5 belles années pour faire davantage… »
Aliou Cissé, la persévérance récompensée
Dans le même sillage que Sadio Mané, Aliou Cissé a eu besoin de trois tentatives pour décrocher la distinction du meilleur entraîneur africain de l’année aux CAF Awards, devant Walid Regragui (WAC) et l’ancien sélectionneur de l’Egypte Carlos Queiroz. Une juste récompense pour le technicien de 46 ans qui a conduit les Lions au sacre continental à la dernière CAN. L’ancien capitaine du Sénégal a également décroché une 2ème qualification de suite au Mondial après celle de 2018.
« Enfin il est sacré, lance Cheikh Sidy Ba. Avec le titre de champion d’Afrique, cette distinction ne pouvait lui échapper. C’est tout à son honneur. Il a vécu des moments difficiles mais aussi des moments de joie. Je lui tire mon chapeau, je suis fière qu’un entraîneur local soit au sommet. Il y a encore du travail à faire. Mais sa grande force c’est qu’il a persisté dans sa logique malgré les critiques. Il est resté droit dans ses bottes et a cru en ses convictions. Et il est récompensé aujourd’hui », explique celui qui l’a croisé en sélection au débuts des années 2000 sous Bruno Metsu.
Les yeux tournés vers le Qatar
Longtemps contesté pour la qualité de jeu et après l’élimination en quarts de finale de la CAN 2017 et au 1er tour de la Coupe du monde 2018, Aliou Cissé a été conforté par la Fédération sénégalaise de football. Pour le journaliste de la RTS, les critiques ont permis à l’ancien milieu de terrain de progresser, jusqu’à ce sacre aux CAF Awards. « C’est une prime à la résilience car Aliou Cissé a essuyé des vagues de critiques à un moment donné. Des critiques très sévères mais il n’y avait rien de personnel. Il occupe un poste où il est exposé. Le football étant un sport universel, tout le monde voit quand une équipe joue bien ou pas. Le Sénégal ne jouait pas bien, le Sénégal ne gagnait pas. Et je pense que ça lui a servi de motivation supplémentaire », note t-il.
Pour Thierno Dramé, Cissé aurait dû être sacré bien avant. « En 2018, il ne gagne pas et ça semblait injuste car tout le monde voyait qu’il était meilleur que Hervé Renard. En 2019, Belmadi gagne car c’est une année où il perd la finale de la CAN. Cette fois il gagne. Il va falloir qu’il justifie ce titre de meilleur entraîneur africain », a soutenu le journaliste. Rien de tel que la Coupe du monde dans 4 mois au Qatar pour étrenner ce nouveau statut.
« C’est un grand jour pour Aliou (Cissé) mais aussi pour le football africain. Maintenant il faut qu’il garde le cap car la Coupe du monde arrive bientôt et les gens fondent beaucoup d’espoir en cette équipe. C’est possible de faire un grand exploit au Qatar. Il connaît le chemin pour avoir été au Mondial en 2018. Il faudra éviter les erreurs commises en Russie. Avec le groupe qu’il a sous la main, il est possible de faire un exploit retentissant au Qatar », insiste Cheikh Sidy Ba.