Ciel partiellement couvert et peu ensoleillé après une matinée de pluie sur le campus d’Abomey-Calavi. Il est 16h 23 dans l’espace sports de l’université. Alors qu’une équipe de handball occupe la moitié de son terrain pour son entraînement du jour, ce sont les pratiquants du bras de fer sportif qui sont en démonstration sur l’autre partie de l’aire de jeu.
Des règles et équipements particuliers
Sous l’encadrement de Olympas Tokpanou entraîneur de l’équipe nationale de bras de fer sportif du Benin, les ferristes déroulent un court échauffement rythmé d’exercices physiques. Après un quart d’heure, les athlètes se dirigent vers le Armwresting table. C’est cette table de couleur rouge qui sera le théâtre des combats de cet après-midi. « Quatre parties composent cette table homologuée par la Fédération Internationale de Bras de Fer Sportif. Il y a les pieux, la potence, coude pad et main pad », lance Olympas Tokpanou, entraîneur de l’équipe nationale de bras de fer.
À l’image de l’haltérophilie ou du Bodybuilding, les athlètes de cette discipline sont répartis dans une dizaine de catégories. « Ce sport regroupe normalement 10 catégories dont les moins de 50, 55, 60, 65, 70, 75, 80, 85, 90 kg. A ceci s’ajoutent les poids lourds. »
Au bras de fer, après le coup d’envoi certains comportements sont proscrits et peuvent même résulter des pénalités explique le coach. « Quand l’arbitre lance le « ready, go » aucun ferriste n’a plus le droit de laisser la main de l’autre. Au cas où quelqu’un soulève son coude du coude pad, il commet ainsi une faute.»
La force et la technique directrices du jeu
« Pour gagner, il faut chercher par la force, la vitesse et la technique à mettre le dos de la main de l’autre sur le main pad. On peut également inciter son adversaire à commettre deux fautes successives pour remporter», ajoute Olympas Tokpanou.
Comme à l’accoutumée, plusieurs ferristes vont prendre du plaisir à faire parler leurs muscles devant le public estudiantin de Calavi. Marie Rose Laleye, championne d’Afrique de Bras de fer sportif, bras droit et bras gauche dans la catégorie 65kg est présente pour la séance du jour. « J’aime beaucoup le sport, après j’ai développé une passion pour la musculation qui m’a fait découvrir le bras de fer sportif. Cela me permet de mettre en valeur ma force » raconte-t-elle. Sa camarade Nouriath Bouraïma a développé un intérêt pour ce sport après avoir pratiqué deux disciplines. « Tout ce que l’homme fait, je me trouve dedans. J’ai fait les arts martiaux et le taekwondo. Le bras de fer, c’est pour me distraire. J’ai compris ça me va bien » confie la jeune étudiante très amusée.
Cheyson Eder Houngue, coach de fitness se retrouve aussi dans le bras de fer sportif. Il n’hésite pas en effet à avaler 12 km pour se rendre sur le campus. « C’est un sport que je faisais à la base. On le pratiquait entre amis pour jouer. Donc, il s’est avéré que je suis tombé sur quelqu’un sur le campus qui m’a dit qu’il s’entraînait et que maintenant, c’était un sport beaucoup plus organisé. Et comme moi, je suis dans la musculation et j’aime toujours repousser mes limites et essayer de nouveaux trucs, j’ai tout suite voulu m’essayer à ça ».
Le bras de fer sportif pour révéler le Bénin
Comme toute autre discipline sportive, le bras de fer qui nécessite d’entraînement régulier et intensif n’épargne pas alors des risques de la pratique. A en croire Layele, «la grande dépense de force lors des compétitions est parfois épuisante et chronophage. Les blessures aux poignets, aux coudes, aux épaules et les nerfs qui se fatiguent sont les risques quotidiens auxquels on fait face».
Avec des débuts réussis, la double championne d’Afrique en titre qu’on surnomme Phénix vise désormais haut. « Mon plus grand objectif actuellement est d’atteindre le statut de champion du monde dans la discipline.» Marie Rose Laleye va représenter le Benin au World Combats Games du 20 au 30 octobre 2023 en Arabie saoudite.
Rachidi DOSSA