Un centre de projection de matchs en direct à Sagbado, quartier de la ville de Lomé s’est rapidement vidé, dimanche 3 septembre dernier. Raison, les Eperviers Dames U20 viennent de perdre au Stade de Kégué face à la Guinée Bissau (1-3) en éliminatoires de la Coupe du monde féminine 2024 de la catégorie. Eric Agbossou, supporter des Eperviers, s’y attendait. Mais ils est tout de même déçu par le score final. Bien sûr, dit-il, « personne n’imaginait la Guinée Bissau nous battre 3-1, mais en fin de compte, on méritait de faire ce résultat ». Pourquoi les Eperviers du Togo n’y arrivent plus en match officiel à domicile ? Tentative d’explication.
Le mythe de la malédiction
Ancien intendant de la sélection nationale de football du Togo dans les années où les Eperviers se sont qualifiés pour leur première Coupe du monde en 2006, Moustapha Bodé, qui s’occupait de la sécurité de la sélection serait à l’origine de cette situation. Connu sous le nom « Vieux Bodé », il avait fait part de son mécontentement sur une radio locale, réclamant la somme de 25 millions de francs CFA pour la préparation environnementale en faveur de la sélection togolaise. D’après ses dires, il aurait enterré des choses mystiques dans le Stade de Kégué, et si sa demande n’est pas satisfaite, le Togo ne pourra plus goûter à la victoire sur le rectangle vert de l’enceinte en banlieue de Lomé.
« Je vous jure, si je ne trouve pas mes 25 millions de francs CFA, je n’aide plus la sélection. Si les Eperviers ont match, et si je prends de l’eau, je reste à ma devanture, je parle et je la verse, les Eperviers peuvent tout faire… Parce qu’on m’a trop triché. J’ai beaucoup souffert pour la sélection », a-t-il déclaré. Les résultats récents de toutes les catégories de la sélection togolaise semblent lui donner raison, jusqu’à présent. Une déclaration qui persiste dans le subconscient des Togolais, en témoigne leur avis sur la question. « Il faut payer l’argent du Vieux Bodé et le Togo sera purifié en football. Le monsieur a été clair dans ses propos », témoigne Innocent, supporter.
La politique sportive des sélections pointées du doigt
D’autres relativisent les choses. « Il faut payer le vieux Bodé. Aussi, il y a eu trop de concerts sur ce terrain donc les jeunes ont gâté le terrain en enlevant leur culotte. Tout est à refaire sinon supporters togolais vont finir par faire un AVC avec ces défaites », estime pour sa part Emmanuel Akakpo. « Pas d’amalgame ! Avant la qualification pour la Coupe du monde 2006 et l’histoire du vieux Bodé entre temps, les sélections nationales togolaises de football, toutes catégories confondues, perdaient des matches à domicile et se faisaient éliminer des compétitions. Le vrai problème du football togolais, c’est que nous nous sommes longtemps contentés des quelques victoires grappillées ici et là. Et cela nous faisait croire que nous sommes aussi forts que les autres. La réalité nous rattrape malheureusement parce qu’à côté, des nations qui, hier, ne pouvaient se tenir devant le Togo en matière de football nous dépassent désormais » avance de son côté Akouété Johnson, plus réaliste.
Pour ce supporter, le cas de la sélection féminine U20 est un parfait exemple de la gestion du football togolais. « Peu de personnes pourraient dire les critères selon lesquelles cette équipe a été montée. On n’a même pas senti que cette équipe préparait une compétition. Dans ces conditions, on peut réunir tous les archanges pour exorciser le Stade de Kégué, le Togo continuera à perdre des matchs. Pour ce qui est de l’affaire Bodé, je la considère comme un fait divers, un coup de pub mal ficelé. Rien de plus ! », juge t-il.
Déjà éliminé de la course à la qualification pour la CAN 2023, le Togo reçoit le Cap-Vert ce dimanche dans son Stade de Kégué. Une enceinte qui devrait malgré tout être prise d’assaut par de nombreux amateurs de ballons ronds, mais surtout supporters de la sélection. Et s’ils ont depuis longtemps fait une croix sur les espoirs de qualification, ils espèrent voir leur équipe enfin vaincre le signe indien.
